Bonjour à toutes et à tous ! Je vous propose aujourd’hui une nouvelle poésie de lecture, cette fois d’après un court texte de l’anarchiste Emma Goldman, « Minorités contre majorités ». Pour rappel, les poésies de lecture sont des poèmes, composés par mes soins, à partir de mes lectures. Je ne livre ici que ma vision de ce texte d’Emma Goldman et je vous invite à le lire par vous-même. Je reviens en milieu de semaine avec un peu de couture.
Il paraît que l’ère est à l’individualisme,
à la voix de la minorité.
Vous devez porter des œillères
pour croire que cette proposition est vraie.
Toute la richesse du monde, aux mains de quelques privilégiés,
les rois, les maîtres.
Ceux-là ne doivent-ils pas leur succès à la majorité ?
À son inertie, sa lâcheté, sa soumission ?
Cette Masse, qui ne veut rien qu’être dominée, dirigée, contrainte,
elle confie son destin, le dépose en offrande aux pieds des bourreaux.
Ne croyez pas qu’en parlant de la Masse, je méprise les opprimés, les damnés de la terre !
Je sais la honte, l’horreur et l’humiliation qu’ils connaissent.
Mais la Masse, la majorité n’a jamais défendu la justice ou l’égalité.
Au contraire, elle a étouffé l’Individu, réprimé sa pensée,
son corps, enchaîné pour connaître la grisaille et la monotonie d’une vie uniforme.
Jamais pas vers le progrès, vers la connaissance, vers la liberté, n’a émané de la Masse,
et toujours les révolutions, par les Individus ont été initiées.
Ah ! Si seulement l’individualisme régnait !
D’après Emma Goldman, « Minorités contre majorités », L’anarchisme, Paris, Nada éditions, 2021.
Photo de couverture par Rob Curran via Unsplash.