Un pantalon de costume pour homme fin XIXe siècle

Pantalon pour homme fin XIXe siècle - anar(t)chie, journal de bord

Bonjour à toutes et à tous ! Et bien dis donc, un mois que je n’ai pas publié d’article sur ce blog alors que je suis d’ordinaire plutôt régulière… Il faut mettre ça sur le compte de la vie. Ce mois d’avril est passé très vite et je n’ai pas du tout eu le temps de faire tout ce que j’avais prévu. Je n’avais donc pas grand chose à vous partager et, je vous l’avoue aussi, un peu la flemme de la production numérique. Je vais quand même essayer de retrouver un rythme de publications qui me convienne par ici parce que je ne suis pas inactive et que je suis, en ce moment-même, en train de travailler sur un costume de femme 1908 qui, s’il est réussi, promet d’être très chouette.

Mais en attendant de vous en dire plus, je reviens aujourd’hui pour vous parler de mon dernier projet couture : un pantalon de costume fin XIXe siècle pour mon compagnon, et dont le rendu me satisfait particulièrement.

Pantalon pour homme en gabardine grise d'après le patron California pants de Laughing Moon mercantile
Il est beau, n’est-ce pas ?

Le California pants de Laughing Moon Mercantile

À l’origine de ce projet : un besoin relativement urgent d’un pantalon de couleur claire (gris ou beige) fin XIXe/début XXe pour deux événements en costume auxquels nous allons participer en mai et juin (une soirée Second Empire et un jeu de rôle grandeur nature qui se passe en 1908). Il se trouve qu’il y a une quinzaine d’années, Romain avait reçu en cadeau tissu, patron et proposition de confection pour un pantalon de ce type, qui avait été commencé, mais pas terminé. Nous avons donc demandé l’autorisation à la personne en question de finir le projet et je me suis plongée dans le patron de Laughing Moon Mercantile (California pants 106) pour essayer d’y comprendre quelque chose alors qu’il était en anglais et en inchs. Pas gagné donc…

détail découpe poche patron california pants

La confection n’était pas très avancée. Toutes les pièces avaient été découpées, les poches devant avaient été cousues et la braguette à peine entamée. Je me suis assez vite aperçue de deux problèmes : le tissu (une très belle gabardine de coton) n’avait pas été lavé avant d’être coupé et les pièces avaient été coupées en ajoutant des marges de couture alors que celles-ci étaient déjà comprises dans le patron (5/8 » de marges). Pour le prélavage, c’était trop tard et nous avons acté que ce pantalon ne passerait jamais en machine. Pour la question des marges, j’ai hésité, mais comme les poches étaient déjà montées et que Romain a pris 5 cm de tour de taille entre la prise de mesures initiale et maintenant, je me suis dit que j’allais continuer avec les pièces coupées telles quelles, assembler les jambes et me faire une idée de la taille.

vue de dos du California Pants de Laughing Moon Mercantile en gabardine grise

Je ne vous cache pas que j’ai un peu galéré. Je ne suis pas complètement nulle en anglais mais pas hyper à l’aise avec le vocabulaire technique de la couture et les conversions inchs/centimètres sont un vrai cauchemar. J’ai malgré tout réussi à monter le pantalon de manière à peu près correcte, j’ai bâti les jambes et après essayage, le verdict est tombé : c’était quinze fois trop grand. Un vrai pantalon de clown, c’était assez ridicule donc il n’y avait pas 36 solutions : tout découdre, recouper et recoudre.

Je n’étais pas très emballée par cette perspective, mais n’ayant pas vraiment le choix, je me suis armée de mon découd-vite et j’ai tout défait (pas vite du tout, plutôt en plusieurs heures). J’ai profité de devoir retailler mes pièces afin d’enlever les marges superflues, pour réduire la hauteur de la jambe du pantalon de 5 cm (ce qui s’est avéré insuffisant, j’aurais même dû en enlever 10).

Une fois toutes les pièces recoupées aux bonnes dimensions, j’ai réattaqué l’assemblage, ce qui s’est avéré beaucoup plus simple. Après une première tentative et quelques nuits de sommeil entre-temps, j’ai beaucoup mieux compris comment monter la braguette, dont je suis particulièrement fière. J’ai mis une bonne journée pour monter le pantalon et une autre grosse journée pour la ceinture et les finitions. J’ai cousu les boutons et fait les ourlets (à la main) un soir en semaine après ce marathon.

vue braguette california pants

Un pantalon fin XIXe sur mesure

Si ce projet a été long et fatiguant, je l’ai malgré tout trouvé très intéressant. J’avais déjà testé un patron Laughing Moon (mon tout premier corset victorien) dont j’avais été très contente et cette bonne impression s’est confirmée avec cette expérience. Le patron basé sur un véritable patron historique est impeccable et les explications très détaillées. Le modèle existe en deux coupes : homme et femme et il y a un certain nombre d’options. En ce qui me concerne par exemple, j’ai fait l’impasse sur les poches dos passepoilées parce que grosse flemme quand même.

détail martingale dos du pantalon California pants
Je ne suis pas hyper contente de mes surpiqûres sur la martingale et un peu agacée que la doublure de la ceinture dos rebique en dépit de la sous-piqûre.

Techniquement, le patron est aussi très intéressant et plutôt agréable à coudre même si on est clairement sur un projet ambitieux, à entamer quand on est déjà suffisamment à l’aise en couture. En ce qui me concerne, je pense que je le recoudrai avec plaisir.

vue de l'intérieur pour la pose des bretelles devant
Normalement, les boutons pour les bretelles sont cousus sur l’extérieur de la ceinture, mais comme on n’avait à disposition que des boutons dépareillés, Romain a préféré qu’on couse ceux du devant à l’intérieur.

Du point de vue des finitions, j’aurais aimé faire mieux (ganser la couture de l’entrejambe et faire une couture rabattue sur les coutures extérieures) mais c’était un peu compliqué et le mieux est l’ennemi du bien. On verra ça sur un autre projet. Cela dit, le patron prévoit une doublure terminée à la main qui descend jusqu’aux poches pour garantir le confort du porteur donc ça reste quand même plutôt propre. J’ai en tout cas suivi scrupuleusement les instructions et avec beaucoup plus d’application que quand je couds pour moi !

Vue intérieure de la braguette du california pants
Le pantalon aux 12000 boutons.

Après avoir passé autant de temps sur ce projet, je suis vraiment ravie que la version retaillée lui aille aussi bien. À part le regret de ne pas avoir davantage réduit la hauteur de la jambe, le reste tombe parfaitement et je pense que ce sera pour lui un très bon basique pour plein de costumes différents, voire, pourquoi pas, pour aller danser le tango !

vue de la doublure intérieure de la ceinture

Voilà pour ce projet plutôt chouette. Je vous dis à bientôt pour vous parler en détail de ma robe 1908 en cours. Il y aura peut-être d’autres sujets entre-temps, mais je ne vous promets rien. Bonne semaine !

Lucie

Romancière et illustratrice, passionnée d'arts du fil et d'histoire du costume, je vous propose une promenade dans mon univers, fait d'écriture, de dessin, de costumes historiques, de garde-robe cousue main, de broderie, de tricot et de réflexions politiques.

6 commentaire

  1. Il est magnifique, le style va très bien à son destinataire aussi.

    1. Merci ! Oui, ce genre de pantalon est fait pour lui 🙂

  2. Oui je confirme !
    Je suis admirative car je ne sais pas si j’aurais la patience de coudre un aussi long (et beau projet ) qui sera porté qu’en 2 occasions.

    1. Merci ! Je pense qu’il sera un peu plus porté que ça parce qu’il fait quand même pas mal de jeux de rôles grandeur nature…

  3. Superbe réalisation pour un projet d’envergure! Bravo il y a de quoi être fière!
    Et le pantalon lui va super bien.

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