Robe 1908 pour jeu de rôle grandeur nature - anar(t)chie

Bonjour à toutes et tous ! Je vous en parlais dans mon dernier article : j’ai énormément cousu en mai et c’était pour du costume historique, ce qui explique que j’aie été si absente de ce blog. J’étais inscrite à un jeu de rôle grandeur nature le week-end dernier, pour lequel je devais porter un costume 1908 et je n’avais rien, dans mes costumes existants, qui soit susceptible de faire l’affaire (et soyons honnête, j’avais envie de me coudre une nouvelle robe).

Comme il s’agissait de couture pour un jeu de rôle grandeur nature, il fallait que cela réponde aux attentes de ma fiche de personnage. Or, je devais jouer une illustratrice parisienne menant une vie scandaleuse et l’on m’avait donné pour consigne de porter une tenue de couleur vive.

Chasse aux tissus de récupération

Cet élément déterminé, j’ai commencé par faire le point sur ce que j’avais, dans mon stock, pour me permettre de coudre cette robe avec le moins de frais possibles : j’avais en stock 6 mètres d’un tissu pour chemise rayé écru (aujourd’hui je pense qu’il s’agit de viscose plutôt que de coton, mais le mystère sur la composition de ce tissu reste entier) acheté il y a bien 10 ans pour coudre une robe de plage 1880 plusieurs fois immortalisée par le peintre James Tissot. Comme cette robe ne verra probablement jamais le jour (le tissu ne convenant de toute façon pas spécialement pour le modèle), j’ai décidé de réaffecter ce tissu à d’autres projets, notamment la chemise de cette tenue 1908.

Pour le tissu de la jupe, il y avait, dans le stock de mon compagnon un important métrage de piqué de coton rouge vif, en tout cas suffisant pour faire au moins une jupe. J’avais donc mes deux tissus principaux, il fallait ensuite trouver un modèle.

La robe d’été 1908 du V&A

Il se trouve qu’une robe d’été 1908, conservée au Victoria & Albert Museum à Londres, est justement reproduite dans le deuxième tome du livre de Janet Arnold, Patterns of Fashion (je m’aperçois que je n’ai d’ailleurs pas encore republié l’article consacré à ce classique pour les gens faisant du costume historique, je vais tâcher d’y remédier bientôt).

Je ne me sentais pas du tout l’envie de faire des mathématiques pour agrandir le patron miniature, j’ai donc fait quelque chose d’assez approximatif en utilisant mes compétences de dessin : je suis partie d’un patron déjà existant bricolé pour une blouse style 1905 il y a plusieurs années. En posant le patron à plat sur du papier à patron, j’ai retracé les contours en les modifiant selon le dessin du patron 1908 reproduit dans Patterns of Fashion 2. J’ai fait une première toile, sur laquelle il n’y avait pas beaucoup de modifications, puis j’ai corrigé mon patron et coupé la blouse dans le tissu définitif.

Je me suis vraiment fait plaisir sur les finitions de cette blouse (des coutures anglaises à la main, des coutures rabattues, de l’insertion de dentelle…) et j’ai pris mon temps. J’ai choisi de ne pas faire des poignets trop serrés (ce qui aurait été plus historique je pense), mais j’avais la flemme de faire une patte capucin et je voulais garder un peu de légèreté dans le cas où il ferait très chaud le jour J.

Pour le patron de la jupe, j’ai été encore plus approximative puisque j’ai tracé le patron à main levée sur mon papier en essayant de conserver les proportions. Avec témérité (mais en même temps le risque était limité pour une jupe), j’ai coupé directement dans le tissu final sans faire de toile.

premier essayage de la jupe 1908 en cours
La jupe avant pose de la ceinture

Le premier essayage après assemblage a été décevant parce qu’en dehors du corset (corset 1902 cousu il y a plusieurs années) je ne m’étais pas encore attaquée aux dessous.

Premier essayage de la jupe 1908 de dos sans ceinture
Une silhouette franchement décevante, non ?

Petit point sur les dessous Belle Époque

Le mythe selon lequel la silhouette 1900 ne peut être atteinte qu’en serrant à l’extrême son corset a été récemment démonté par Bernadette Banner en vidéo. En réalité, on utilisait beaucoup d’artifices divers pour obtenir la silhouette à la mode sans pour autant avoir besoin de s’étouffer.

J’ai commencé par réduire la hauteur de mon corset, un poil trop long pour moi, ce qui le rendait inconfortable. J’ai aussi ajouté des pièces de rembourrage au niveau des bonnets et des hanches pour gagner un peu en volume sans serrer la taille, puis j’ai cousu un faux-cul rembourré avec des chutes de tissu (patron un peu approximatif), un jupon dans un vieux rideau de ma grand-mère et un cache-corset volanté dans un coton blanc donné par ma belle-mère.

corset 1902 en soie sauvage doré et éléments de décor bleu marine
Le corset après modifications. Cousu il y a plusieurs années en soie sauvage, ce corset mériterait de se voir remplacer toutes ses baleines, mais je n’avais pas le temps de m’en occuper. Je pense plus probablement que je me ferai un corset mieux fini un jour. Je le porte ici sur une chemise ancienne.

Ces éléments de dessous n’ont pas connu le même niveau de finitions que le reste de la robe parce que je manquais de temps et qu’il s’agit d’éléments qui ne se voient pas. Pour un GN, ça me paraissait tout à fait suffisant.

Cache corset et faux-cul
Le cache-corset a été bricolé assez rapidement. J’ai mis un élastique en bas, j’ai laissé l’encolure et les emmanchures à cru et j’ai simplement surfilé les volants. Il n’est pas beau du tout, mais il joue correctement son rôle pour donner du gonflant à la poitrine. Je le terminerai en une autre occasion.
faux-cul
Le faux-cul n’est pas terminé non plus parce qu’il faudrait que je brode des œillets pour mieux répartir la bourre à l’intérieur. Je le ferai probablement plus tard, quand j’aurai l’occasion de reporter cette tenue.
Jupon 1908 dans un rideau rose à fleurs
J’ai cousu le jupon dans un vieux rideau de ma grand-mère. Là encore, je suis allée au plus simple en utilisant les ourlets existants (et ma grand-mère n’étant pas vraiment couturière, ils mériteraient d’être refaits…). La ceinture n’est pas correctement ajustée, mais ça ne gêne pas trop quand je porte tout le costume. Au passage vous reverrez ce tissu parce qu’il m’en reste tout un pan et j’ai l’intention de me coudre dedans un blouson Pilar de Maison Fauve…

Après essayage sur les dessous, c’était beaucoup plus concluant. J’ai donc continué sur les finitions de la robe et la construction de la partie rouge du corsage, là encore un peu approximative, et qui aurait mérité une toile avant de couper dans le tissu définitif. Encore une fois, je manquais de temps et j’en avais aussi un peu marre de travailler sur ce costume depuis presque un mois.

Robe 1908 terminée portée sur les dessous adéquats
La robe une fois terminée et portée sur les dessous adéquats, ça rend tout de suite mieux !

La jupe est montée sur sa propre ceinture et la chemise est cousue à une autre ceinture avec la partie rouge du corsage. La ceinture de la jupe a ensuite été cousue à la main sur la ceinture du corsage pour finir la robe.

vue de côté de la robe 1908 terminée
Vue de côté, l’ampleur de la partie rouge du corsage au dos n’était pas du tout volontaire, mais je trouve qu’elle donne un joli effet.

Pour l’ourlet de la jupe, je n’avais pas beaucoup de marge de tissu donc j’ai simplement cousu un biais en bas et replié à la main.

vue de dos de la robe 1908 terminée
Au moment de l’essayage, j’étais seule chez moi et j’ai été incapable de fermer la robe, mais croyez-moi sur parole, le corsage ferme correctement.

Accessoires et mise en situation

Concernant la décoration de la tenue, j’ai trouvé, dans mon stock de boutons anciens, 7 boutons noirs qui m’ont semblé parfait pour l’arrière de la jupe et j’ai cousu les trois derniers sur l’avant de la blouse pour l’habiller un peu. J’ai fini l’encolure avec un nœud en ruban et il a ensuite fallu m’attaquer à la coiffure.

Vous l’aurez remarqué sur les photos des essayages, j’ai les cheveux très courts, ce qui n’est pas très compatible avec un costume 1900. J’ai donc acheté une perruque que j’ai coiffée à la Gibson girl.

Perruque coiffée à la mode 1908

Pour le chapeau, j’ai emprunté un canotier de mon compagnon sur lequel j’ai cousu des fleurs rouges en papier qui étaient dans mon stock et ta-daa !

portrait de jeune fille en robe rouge 1908 et canotier sous son ombrelle
GN Les Canotiers de Santeuil par les Francs Papillons avec RAJR. © Sandrine Schwoehrer / Sandrine Schweppes
un couple en costume 1908 cousu main
GN Les Canotiers de Santeuil par les Francs Papillons avec RAJR. © Sandrine Schwoehrer / Sandrine Schweppes (Vous reconnaissez peut-être le pantalon cousu précédemment pour Romain)
femme en robe rouge 1908 assise sous son ombrelle japonaise
GN Les Canotiers de Santeuil par les Francs Papillons avec RAJR. © Sandrine Schwoehrer / Sandrine Schweppes

Quand on porte un costume pendant plusieurs heures, on se rend toujours compte de petits défauts. Par exemple, les points à la main que j’avais fait pour fixer les bretelles du corsage rouge à la blouse ont sauté dès le début de matinée, j’ai dû les maintenir tout le reste de la journée avec des épingles à nourrice. J’ai aussi remarqué que le crochet du haut de la blouse s’ouvrait tout le temps et que la ligne d’épaule de la partie rouge du corsage se trouvait un peu trop en avant… Bref, des détails qui m’agacent, mais qui n’enlèvent rien au fait que je suis globalement contente de cette robe.

Je suis vraiment fière de mes finitions et je suis d’autant plus contente de ce projet qu’il a été complètement gratuit (puisque j’avais déjà tout en stock), ce qui est toujours plaisant. J’espère avoir l’occasion de le reporter après lui avoir apporté quelques modifications.


Ce marathon de costume historique étant terminé, je vais pouvoir revenir tranquillement à d’autres publications et des projets un peu plus modernes. Une longue liste m’attend et j’espère bien que le mois de juin sera productif, je vous dis donc à bientôt !

Lucie

Romancière et illustratrice, passionnée d'arts du fil et d'histoire du costume, je vous propose une promenade dans mon univers, fait d'écriture, de dessin, de costumes historiques, de garde-robe cousue main, de broderie, de tricot et de réflexions politiques.

5 commentaire

  1. Merci d’avoir partagé tout ce processus de création. En tout cas, le résultat final est flatteur et te va très bien. C’est une magnifique tenue.

    1. Merci beaucoup Christine ! 🙂

  2. Je suis bluffée par le résultat, et les photos du jour J sont vraiment très belles je trouve ! Ce travail en valait la peine (pour toi comme pour monsieur et son pantalon !), vous avez dû passer un très bon moment dans ces très beaux vêtements !
    Je suis curieuse de voir cette robe rouge et d’en savoir un peu plus sur les aventures de cette illustratrice à la vie scandaleuse 😉
    Au passage, il n’y a pas que la robe qui m’épate, je trouve la blouse très très belle !

    1. Merci ! Je te raconterai ça 😉 La blouse fait partie intégrante de la robe (ce qui d’ailleurs me pose un peu problème pour la laver), mais je suis très contente de ce patron effectivement. Je pense que je m’en resservirai pour faire une tenue un peu moins flamboyante.

      1. Ah mais oui bien sûr en relisant je réalise que je n’avais pas tout compris (bon j’ai des circonstances atténuantes ces jours-ci) du montage de la robe… Je suis vraiment curieuse de la voir de près 🙂

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