Comment je me suis mise à dessiner (presque) tous les jours

Illustration : Comment je me suis mise à dessiner tous les jours - Lucie Choupaut

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé dessiner et jusqu’à ce que je termine mes études je dessinais beaucoup, tous les jours, en marge sur mes feuilles de cours. Il y a des gens qui dessinent pour mieux écouter, mais ce n’était pas mon cas. Quand je dessinais, je plongeais dans ma bulle, je n’écoutais pas, je ne prenais pas de notes, rien ne m’intéressait plus que gribouiller des histoires avec mon stylo bic bleu (mon outil scriptural préféré au monde).

Peu à peu pourtant, à l’âge adulte, la pratique s’est tarie. Il m’arrivait toujours de dessiner au cours de réunions particulièrement ennuyeuses, mais beaucoup moins souvent. Or, il n’y a qu’en dessinant que l’on peut progresser et avoir l’impression de stagner est le meilleur moyen d’arrêter de dessiner.

Quand j’ai commencé l’aquarelle botanique en novembre 2023, en même temps que je profitais du plaisir de découvrir un nouveau médium, j’ai retrouvé l’envie de dessiner. Sans être une inconditionnelle du dessin académique, je trouve quand même que c’est important de pratiquer régulièrement le dessin d’observation pour exercer son œil et améliorer son sens des proportions en parallèle d’une pratique plus personnelle.

Illustration au feutre noir de visiteurs dans l'exposition Olga de Amaral à la Fondation Cartier
Croquis du 20 décembre 2024 : visiteur·euses dans l’exposition Olga de Amaral à la Fondation Cartier

Pour autant, je trouve que s’il y a bien une pratique qui peut très vite se perdre, c’est celle du dessin quotidien. Je suis globalement une personne de routines. Cela fait plusieurs années que j’écris quelques pages dans mon journal tous les matins sans jamais déroger à cette règle (j’en parlais ici), plusieurs années que je lis un peu tous les jours. Je n’ai, a priori, pas trop de mal à installer une habitude. Pourtant, la pratique du dessin quotidien, elle, résiste.

Or, comme c’est quelque chose qui est important pour moi, j’ai mis en place plusieurs béquilles pour m’aider à me forcer à dessiner quand même et je me suis dit que ça pourrait valoir le coup de les partager avec vous.

page de carnet de croquis au feutre noir, chat et cocotte de soupe
Croquis du 27 décembre 2024 : j’étais en vacances, j’avais donc plein de temps pour faire du dessin d’observation.

Avoir un mini-carnet toujours sur moi

J’admire les gens qui transportent avec eux leur maison et qui remplissent leurs carnets de voyage de mille couleurs, mais en ce qui me concerne, ça ne me convient pas. Quand je sors, j’essaye d’avoir le sac le plus petit possible parce que sinon j’ai mal au dos et je n’aime pas du tout l’idée de m’entourer de plein de matériel dans un lieu public. Je suis timide, je veux pouvoir dessiner le plus discrètement possible.

carnet de croquis portrait au feutre noir
Croquis du 5 janvier 2025 : soyons clairs, la personne qui partage ma vie est sur-représentée dans ce carnet d’observation ^^

Dans cette optique, je suis partie en quête d’un carnet de croquis qui soit le plus petit possible pour mes dessins d’observation du quotidien. J’ai aussi des carnets plus grands pour avoir plus d’espace, mais ceux-là restent à la maison. Pour avoir toujours un carnet sur moi, il fallait qu’il soit minuscule et qu’il puisse rentrer dans ma banane.

J’ai opté pour un carnet A6 Sakura de la marque Pigma senseï dont j’utilise déjà les feutres noirs et que j’aime beaucoup. Il se ferme avec un élastique et il possède un support pour un feutre, c’est la sobriété dont j’avais besoin.

carnet de croquis au feutre noir, vue dans le TER
Croquis du 21 janvier 2025 : j’aime beaucoup essayer de dessiner des gens dans le train, mais c’est difficile !

Limiter le choix des techniques à son plus simple appareil

La raison principale qui me fait renoncer à dessiner c’est la flemme. Flemme de sortir mon matériel, flemme de trouver un sujet à dessiner, flemme de trouver un endroit où m’installer…

carnet de croquis au feutre noir, cabane effondrée
Croquis du 27 janvier 2025 : une petite cabane de jardin à moitié effondrée

Pour lutter contre la flemme du matériel, j’ai décidé de me limiter à un seul feutre noir (Pigma senseï donc) avec une pointe de 0.4 mm qui me semblait la plus versatile, ni trop fine, ni trop large. J’aurais aussi bien pu choisir un style bic bleu, il n’est d’ailleurs pas impossible que j’explore cette option dans mon prochain carnet d’observation.

Bien sûr, ce serait plus plaisant à l’œil de mettre de la couleur ou de faire plus d’efforts techniques, mais l’idée de dessiner quotidiennement n’est pas de faire quelque chose de joli. L’idée est de pratiquer le dessin d’observation et de progresser. Si je veux trouver la motivation de dessiner au quotidien, il faut que je me simplifie la vie.

carnet de croquis, personnages au feutre noir
Croquis des 17 et 18 février 2025 : dès que je peux dessiner des personnes qui ne sont pas mon mec, je saute sur l’occasion.

Dessiner ce que je vois

Parfois on saisit tout de suite la composition que l’on veut dessiner, d’autres fois, on peut avoir l’envie de dessiner sans savoir quel sujet choisir. Ce genre de tergiversations peut facilement entraver la décision de dessiner et tuer une habitude à petit feu.

page de carnet de croquis au stylo noir, fin de goûter
Croquis du 1er mars 2025 : une fin de goûter bien gourmand

Pour lutter contre ça, je m’efforce de dessiner ce que je vois au moment T, sans me prendre la tête. Une fois encore, le sujet du dessin n’a pas d’importance puisqu’il s’agit juste de pratiquer. Si ce que j’ai sous les yeux est une tasse vide et des mouchoirs sales et que je ne suis pas plus inspirée, je vais les dessiner.

carnet de croquis au feutre noir, vues de cuisine
Croquis des 3 et 7 mars 2025 : typiquement une période où j’ai eu du mal à maintenir cette habitude de dessin quotidien. C’est la vie et ce n’est pas grave.

Ne pas m’intéresser au résultat

Quand on dessine presque tous les jours on fait des progrès incroyables très rapidement. C’est d’ailleurs quelque chose d’assez génial parce qu’il n’y a pas de doute à avoir ou d’objections à base de « oui, mais pas moi parce que je suis trop nul·le ». Vraiment, plus on dessine, mieux on dessine, c’est mathématique. J’ai commencé mon carnet d’observation au mois de décembre au début des vacances de Noël, je n’ai qu’à le feuilleter pour voir la différence entre le mois de décembre et le mois de mars. C’est fou.

pages de carnet de croquis au feutre noir
Croquis des 11 et 12 mars 2025 : un joli bâtiment et des gens dans le train

Tous les dessins ne sont pas réussis, certains sont même vraiment très ratés, y compris parmi les plus récents, mais dans le fait de dessiner tout les jours ce n’est pas un dessin qui compte, c’est la progression. Une progression n’est pas linéaire. Ce n’est pas parce que l’on progresse que les dessins sont meilleurs un jour après l’autre. Il y a toujours des ratés, des moments où on ne dispose pas d’assez de temps et où on est obligé de bâcler, ce qui compte pour moi c’est l’ensemble et le plaisir plus tard de feuilleter les pages de ce petit carnet d’observations quand il sera terminé.

Ne m’accorder que le temps dont je dispose

Auparavant, j’avais tendance à me décourager à l’idée du temps que dessiner allait me prendre, ce qui avait pour conséquence que je ne dessinais pas. Aujourd’hui, même si je suis toujours tentée par cette pensée et par la flemme, j’y résiste en me disant que si je ne dispose que de 5 minutes, je ferai un dessin en 5 minutes.

page de carnet de croquis au feutre noir, vue intérieure
Croquis du 13 mars 2025 : une vue inachevée du haut de ma bibliothèque.

Comme la réussite ou non du croquis d’observation n’a pas d’importance puisque c’est le fait de dessiner qui nourrit et ancre la pratique, je ne me limite plus à cause du temps. Je me lance et je vois bien comment ça se présente. Si mon modèle est statique et que j’ai envie de prendre le temps de le peaufiner, je le fais. Si mon modèle bouge ou que j’ai envie que ça aille vite, je me contente d’une esquisse plus ou moins détaillée. Tout est valable et surtout, tout est utile.


Voilà pour mes béquilles pour dessiner (presque) tous les jours. J’espère qu’elles vous donneront des idées à adapter à vos propres problématiques. N’hésitez pas d’ailleurs à me partager vos astuces pour ancrer des habitudes. Je m’arrête ici et je vous donne rendez-vous mercredi prochain pour vous parler d’un roman extraordinaire. Bonne semaine.

Lucie Choupaut

Romancière et illustratrice, passionnée d'arts du fil et d'histoire du costume, je vous propose une promenade dans mon univers, fait d'écriture, de dessin, de costumes historiques, de garde-robe cousue main, de broderie, de tricot et de réflexions politiques.

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