Aux hommes raisonnables qui ont négligé les émotions au profit de la réflexion,
je vous dis votre erreur.
Car ce sont mes émotions qui protestent contre l’injustice du monde,
les décrets célestes.
Elles qui vibrent et qui hurlent leur indignation infinie.
Ce sont elles encore qui mettent mon corps en branle,
elles, enfin, qui voudraient rendre à chacune et chacun sa liberté.
Je crois que nous devrions donner à toutes et tous les moyens de se tenir debout sur leurs propres jambes,
à toutes et tous la possibilité d’utiliser la terre et, ce faisant, de s’en emparer.
Là est la seule véritable liberté.
Nous, anarchistes, croyons.
Nous croyons que toutes les formes d’autorité doivent disparaître,
nous croyons à la force de l’autogestion.
Ce qui nous divise, c’est la forme que devra prendre la société future.
Pour ma part, je crois à la liberté et aux expérimentations,
qui en détermineront les meilleures évolutions.
En attendant, courage !
Car la tyrannie génère sa défaite
et les exilés deviennent les semeurs de la révolution.
D’après Voltairine de Cleyre, « Pourquoi je suis anarchiste » (1897) et « La naissance d’une anarchiste » (paru à titre posthume en 1914), Écrits d’une insoumise, Québec, Lux, 2018
Photo de couverture : portrait de Voltairine de Cleyre, Philadelphie, Noël 1891.
Merci pour la découverte . Je suis d’accord avec votre remarque , anarchiste est plus juste qu’insoumise .
Merci !
Quel beau texte! Il me touche énormémént. Merci de me l’avoir fait découvrir
Merci Sylvaine 🙂