Le patron de Noël : un jupon 1880 en tricot

patron jupon 1880 tricoté main - Carnet de recherches de Lucie Choupaut

Bonjour à toutes et à tous ! Avant toutes choses, je vous souhaite un joyeux Noël et plus largement de belles fêtes de fin d’année, malgré la situation sanitaire toujours chaotique. J’avais envie de publier un article de Noël cette année, en vous « offrant » un patron de tricot, que j’espère bien essayer dans les années qui viennent. Vous me direz si vous tentez l’aventure. 😉


Au détour de mes observations dans le magazine La Mode Illustrée, j’ai trouvé un modèle de jupon à tricoter main avec toutes les explications pour le réaliser. Ce modèle est issu du numéro de La Mode Illustrée du 25 janvier 1880, et puisque je n’ai pas encore eu le temps de tricoter, je me suis dit que j’allais au moins vous partager le patron, pour que vous puissiez le réaliser si vous en avez envie. Pour le moment, c’est une « exclusivité » du blog, mais dès que j’aurai eu le temps de me pencher sur la question, je le mettrai à disposition gratuitement sur Ravelry. J’espère que cela vous plaira et vous donnera aussi envie de le réaliser !

Modèle jupon tricoté dans La Mode Illustrée du 25 janvier 1880
La Mode Illustrée, 25 janvier 1880

C’est un article évolutif que je vous propose. Vous avez dans un premier temps les photos des explications directement issues du magazine et, au fur et à mesure du temps, j’y ajouterai ma propre interprétation des explications, en vue de faciliter la réalisation par la suite. J’en profite aussi pour faire quelques recherches sur les termes, l’occasion de me plonger dans l’Encyclopédie des ouvrages de dames de Thérèse de Dillmont (publié initialement en 1884 pour DMC).

Je vous rappelle que je ne tricote que depuis deux ans donc n’hésitez pas à me corriger en commentaire si vous voyez que j’ai fait des erreurs d’interprétation !

Décryptage des explications (travail en cours)

Le jupon est tricoté en laine rouge (je n’ai aucune idée de la qualité de laine à laquelle correspond la laine Zéphyr), mais la taille des aiguilles à utiliser n’est pas mentionnée. D’instinct, j’utiliserais des aiguilles de 4 mm qui permettent un ouvrage ni trop fin, ni trop épais, ce qui paraît indiqué pour un jupon, mais peut-être qu’il vaudrait mieux opter pour des aiguilles de 3 mm et donc un fil un peu plus fin ?

J’ai jeté un œil dans l’Encyclopédie des ouvrages de dames, écrit par Thérèse de Dillmont en 1884 et j’ai découvert incidemment que « depuis quelques temps » (donc depuis quelques années avant 1884 j’imagine) on utilisait aussi (en plus de ce qui ne s’appelle pas encore des aiguilles double pointes pour tricoter en rond) une aiguille circulaire à deux pointes en métal recommandée notamment pour tricoter des bandes larges (ce qui permet de ne pas perdre de mailles pendant l’ouvrage). Ainsi les aiguilles circulaires qui ont le vent en poupe ces dernières années ne datent en fait pas d’hier ! Cela dit, c’est une information que je ne vous donne qu’en passant car pour ce jupon, je suppose que les deux pans se tricotent normalement sur des aiguilles droites.

Bref, je digresse. Sur la taille des aiguilles, Thérèse de Dillmont écrit ceci :

« Les aiguilles à tricoter, qu’elles soient en acier, en buis ou en os, doivent toujours avoir une grosseur proportionnée au fil employé. »

Thérèse de Dillmont, Encyclopédie des ouvrages de dames, Paris, DMC, Armand Colin, 1993. p.244.

Ça nous avance beaucoup, n’est-ce pas ? Pour ma part je resterai donc sur une laine qui se tricote en 3 mm ou en 4 mm au plus gros…

Construction du jupon 1880 en tricot

Il faut donc tricoter deux panneaux identiques, le devant et le dos, en aller/retour, en commençant par le bas du jupon. Les numéros de rang pairs sont l’endroit, les numéros impairs l’envers.

Pour 1 pan, monter 198 mailles.

R1 : mailles endroit jusqu’à la fin
R2 : mailles envers jusqu’à la fin
R3 : mailles endroit jusqu’à la fin
R4 : glisser 1 maille [je pense que c’est ce qu’il faut comprendre par « une maille levée sans être tricotée » parce que des augmentations systématiques ne sont à mon avis pas vraisemblables pour obtenir la forme du jupon puisqu’on tricote par le bas. En outre dans l’Encyclopédie des ouvrages de dame, je trouve l’occurrence « maille glissée ou non tricotée » mais pas d’occurrence pour « maille levée »] – 1 jeté, 2 mailles tricotées ensemble à l’endroit – répéter jusqu’à la fin du rang. Dernière maille : 1 maille endroit.
R5 : glisser 1 maille, mailles endroit jusqu’à la fin
R6 : glisser 1 maille, mailles envers jusqu’à l’avant dernière maille, 1 maille endroit
R7 : glisser 1 maille, mailles endroit jusqu’à la fin.
R8 : [d’après ce que je comprends, mais sans certitude, il s’agit de rabattre le bas du jupon pour faire apparaître les dents de chat en tricotant les mailles du rang 7 avec celles du bord, mais honnêtement je ne suis pas très sûre de moi]
R9 : glisser 1 maille, mailles envers jusqu’à l’avant dernière maille, 1 maille endroit
R10 : à suivre…


Voilà pour aujourd’hui. J’ai trouvé passionnant de commencer à décrypter ce patron, mais ce n’est pas facile pour la débutante que je suis. Je vais continuer tranquillement et je mettrai progressivement cet article à jour. J’espère pouvoir un jour vous montrer ce que donne mon jupon 1880 tricoté main !

D’ici là, je vous souhaite à nouveau de belles fêtes et je reviens la semaine prochaine pour le traditionnel article de bilan de fin d’année. À bientôt. 🙂

Lucie

Romancière et illustratrice, passionnée d'arts du fil et d'histoire du costume, je vous propose une promenade dans mon univers, fait d'écriture, de dessin, de costumes historiques, de garde-robe cousue main, de broderie, de tricot et de réflexions politiques.

7 commentaire

  1. Bonjour, je pense que c’est bien ça. Un ourlet dents de chat. Mais il faut faire un montage provisoire avec une chaînette au crochet du nombre de mailles nécessaire pour pouvoir récupérer les mailles du premier rang et les tricoter avec celles du dernier rang. Sinon on peut aussi coudre à points lancés souples en pliant au niveau des trous-trous. Je ne sais pas si je suis claire. Merci pour tous les partages.

    1. Merci pour les précisions Christine. Je pense que je vais essayer de faire un projet rapide avec ourlet dents de chat pour comprendre comment ça marche (et me renseigner sur cette histoire de montage provisoire parce que c’est encore très nébuleux pour moi ^^)

  2. Je partirais sur des aiguilles numéro 3 et une laine fine type layette , c’est un jupon , il ne doit pas être trop épais. Quant à la couleur , rouge ça va claquer !!!!! Allons y !
    J’attends la suite …..

    1. Effectivement, tu as sans doute raison. Ça va être loooong ! ^^ Merci Eduenne, il n’y a plus qu’à poursuivre le décryptage…

  3. Tout d’abord merci pour cet intéressant scan. La laine Zéphir est peu coûteuse mais 100 % laine ; elle est très fine (2 fils), hélas on ne la tricote plus guère à la main (elle est plus souvent utilisée pour le tissage). Le jupon, je le suppose, devrait être tricoté avec des aiguilles 1.5 à 2 (aiguilles en acier d’après le patron) maximum (je ne pense pas, au regard de la finesse de la gravure, que cela doit être tricoté en laine double). Du reste, la taille d’aiguille 1.5 ne se trouve plus et depuis longtemps (je n’en ai jamais vu alors que j’en ai cherché avec attention sur les marchés aux puces), à part peut être en double pointe courtes pour chaussettes. Je vous conseille, plutôt que les aiguilles droites, des aiguilles circulaires parce qu’elles permettent de poser l’étoffe, de la répartir et, par conséquent, de bien gérer de larges pans de tricots (ce qui induit un poids moindre). Les tricots de cette époque me semblent, bien souvent, s’apparenter davantage à un tissage en mailles qu’à du tricot tel qu’on le connaît aujourd’hui (qui monte vite : laine épaisse et grosses aiguilles).

    La quantité de fil à utiliser doit sans doute être importante. Mais, selon le poids du fil, vous aurez un résultat différent : vous aurez un jupon qui peut faire entre 500g et 3kg, voire plus (ce qui n’est évidemment pas souhaitable). Je m’explique : si vous le tricotez avec un fil de 500m pour 50 gr (tricoté avec des aiguilles n°2) et que vous avez besoin, au jugé, de 2 kg (mais peut-être moins), cela vous fera 40 pelotes de 50gr = 20000 mètres.

    Si, comme vous le proposez, vous employez un fil que l’on peut tricoter avec des aiguilles 3 – je prends la qualité Safran chez Drops design comme exemple même si c’est du coton et pas de la laine – vous allez avoir besoin 50 gr = 160 m donc, pour 2 kg, vous aurez nettement moins de longueur de fil (40 pelotes de 50 gr = 6400 mètres de fil) et, par conséquent, vous serez forcément amenée à ajouter du poids si vous n’avez pas assez de fil (et donc à racheter de la laine…), toutes choses qui peuvent finir par rendre votre jupon trop lourd et, par voie de conséquence, importable : vous allez fabriquer environ 1m50-1m60 de jupon qui, une fois fini, lavé et porté, sera beaucoup plus long (plus de 2m sans doute).

    C’est pourquoi, vous le savez, il est important de faire un voire des échantillons (oui, celui ou ceux auxquels on ne veut jamais s’atteler…), pour pouvoir apercevoir les qualités de la laine (élasticité, largeur et longueur des mailles en fonction des différents points retenus), le poids final de l’ouvrage, etc.

    Le choix de la matière est important également : laine (ici, la laine Zéphir de Fonty fait 375 mètres pour 50g vendu en 250 gr pour 1875 m (+ ou -) – donc 2 kg = 15000 mètres – qui est déclinée en 46 coloris dont le rouge http://alysse-creations.info/zephir.html ou plus fin encore 100 gr = 750 m ou 15/2 Nm http://alysse-creations.info/zephir2-15-echeveau-100gr.html), soie (ici un fil 20/2 Nm, https://www.artifilum.com/fr/fil-de-soie-20-2-ashford.html), lin, mélange, etc. Là encore, il me semble que vous redoubleriez le problème en prenant une matière qui a une tendance naturelle à s’étirer, en particulier quand les mailles sont lâches. J’y suis d’autant plus sensible que j’ai récemment réalisé un sac à courses en maille (coton avec un peu de polyamide, crochet numéro 3-4), lequel, au lieu de s’arrêter aux hanches, m’arrive aux genoux une fois plein !

    Ici, il s’agit d’un jupon (à destination) de classe sociale en ascension (bourgeoise-nouveaux riches, bref, le public auquel s’adressait ces revues) et je crois que l’aspect sciemment délicat du travail serait complètement perdu si vous fabriquiez ce sous-vêtement avec une laine plus épaisse ou une paire d’aiguille qui donnerait à votre laine fine un aspect trop lâche ; vous seriez, je le crains, certainement déçue, compte tenu du résultat, du temps que vous auriez investi.

    Ce projet vous demandera bien sûr beaucoup de ténacité, mais quand on prend connaissance de votre si jolie réalisation de broderie anglaise, on ne peut douter de votre opiniâtreté !

    Si vous êtes anglophone, voici une vidéo d’une américaine (« EngineeringKnits ») qui se propose de réaliser un jupon plus court à chevrons (https://www.youtube.com/watch?v=l7vSPh_iWDY), modèle tiré du livre « Art of Knitting » de Butterick de 1892 (il y a beaucoup d’autres idées intéressantes) dont on peut trouver l’explication ici : https://archive.org/details/artofknitting00butt/page/74/mode/2up.
    Peut-être son exemple sera-t-il en mesure de vous aider, étant entendu, par ailleurs, que ce modèle n’est pas du tout le même que celui que vous allez entreprendre.

    Le livre de Thérèse de Dillmont est effectivement une véritable bible et beaucoup des explications fournies aident énormément à la compréhension des techniques de couture et de tricot anciennes (de broderie également).

    Pour finir, je me demande si les modèles de ce genre étaient souvent réellement réalisés, ce, dans la mesure où ils devaient demander énormément de temps : sans doute les petites mains des soubrettes étaient-elles mises à (très forte) contribution. Si vous avez plus d’informations à ce sujet, n’hésitez pas à les partager. Du reste, savez-vous s’il existe des exemplaires tricotés dans les musées (je n’en ai personnellement jamais vu) ?

    Bonne fin d’année.

    1. Merci pour toutes ces informations Maud, c’est très précieux ! Je connais en effet la chaîne Engineering Knits, que je trouve passionnante et que je regarde avec beaucoup d’admiration. Quant à la proportion de modèles de magazines effectivement réalisés, c’est une très bonne question, j’avoue que je n’en ai pas la réponse. Je ne crois pas avoir jamais vu de jupons tricotés dans les musées, mais je n’en ai pas encore cherché activement. C’est une excellente idée de recherche à mener. 🙂

  4. Tout d’abord merci pour cet intéressant scan. La laine Zéphir est peu coûteuse mais 100 % laine ; elle est très fine (2 fils), hélas on ne la tricote plus guère à la main (elle est plus souvent utilisée pour le tissage). Le jupon, je le suppose, devrait être tricoté avec des aiguilles 1.5 à 2 (aiguilles en acier d’après le patron) maximum (je ne pense pas, au regard de la finesse de la gravure, que cela doit être tricoté en laine double). Du reste, la taille d’aiguille 1.5 ne se trouve plus et depuis longtemps (je n’en ai jamais vu alors que j’en ai cherché avec attention sur les marchés aux puces), à part peut être en double pointe courtes pour chaussettes. Je vous conseille, plutôt que les aiguilles droites, des aiguilles circulaires parce qu’elles permettent de poser l’étoffe, de la répartir et, par conséquent, de bien gérer de larges pans de tricots (ce qui induit un poids moindre). Les tricots de cette époque me semblent, bien souvent, s’apparenter davantage à un tissage en mailles qu’à du tricot tel qu’on le connaît aujourd’hui (qui monte vite : laine épaisse et grosses aiguilles).

    La quantité de fil à utiliser doit sans doute être importante. Mais, selon le poids du fil, vous aurez un résultat différent : vous aurez un jupon qui peut faire entre 500g et 3kg, voire plus (ce qui n’est évidemment pas souhaitable). Je m’explique : si vous le tricotez avec un fil de 500m pour 50 gr (tricoté avec des aiguilles n°2) et que vous avez besoin, au jugé, de 2 kg (mais peut-être moins), cela vous fera 40 pelotes de 50gr = 20000 mètres.

    50 gr = 500m
    2000 = 20000m

    50gr = 160
    2000 = 6400m

    250 g = 1875 m
    50 = 375m
    2000 = 15000m

    Si, comme vous le proposez, vous employez un fil que l’on peut tricoter avec des aiguilles 3 – je prends la qualité Safran chez Drops design comme exemple même si c’est du coton et pas de la laine – vous allez avoir besoin 50 gr = 160 m donc, pour 2 kg, vous aurez nettement moins de longueur de fil (40 pelotes de 50 gr = 6400 mètres de fil) et, par conséquent, vous serez forcément amenée à ajouter du poids si vous n’avez pas assez de fil (et donc à racheter de la laine…), toutes choses qui peuvent finir par rendre votre jupon trop lourd et, par voie de conséquence, importable : vous allez fabriquer environ 1m50-1m60 de jupon qui, une fois fini, lavé et porté, sera beaucoup plus long (plus de 2m sans doute).

    C’est pourquoi, vous le savez, il est important de faire un voire des échantillons (oui, celui ou ceux auxquels on ne veut jamais s’atteler…), pour pouvoir apercevoir les qualités de la laine (élasticité, largeur et longueur des mailles en fonction des différents points retenus), le poids final de l’ouvrage, etc.

    Le choix de la matière est important également : laine (ici, la laine Zéphir de Fonty fait 375 mètres pour 50g vendu en 250 gr pour 1875 m (+ ou -) – donc 2 kg = 15000 mètres – qui est déclinée en 46 coloris dont le rouge http://alysse-creations.info/zephir.html ou plus fin encore 100 gr = 750 m ou 15/2 Nm http://alysse-creations.info/zephir2-15-echeveau-100gr.html), soie (ici un fil 20/2 Nm, https://www.artifilum.com/fr/fil-de-soie-20-2-ashford.html), lin, mélange, etc. Là encore, il me semble que vous redoubleriez le problème en prenant une matière qui a une tendance naturelle à s’étirer, en particulier quand les mailles sont lâches. J’y suis d’autant plus sensible que j’ai récemment réalisé un sac à courses en maille (coton avec un peu de polyamide, crochet numéro 3-4), lequel, au lieu de s’arrêter aux hanches, m’arrive aux genoux une fois plein !

    Ici, il s’agit d’un jupon (à destination) de classe sociale en ascension (bourgeoise-nouveaux riches, bref, le public auquel s’adressait ces revues) et je crois que l’aspect sciemment délicat du travail serait complètement perdu si vous fabriquiez ce sous-vêtement avec une laine plus épaisse ou une paire d’aiguille qui donnerait à votre laine fine un aspect trop lâche ; vous seriez, je le crains, certainement déçue, compte tenu du résultat, du temps que vous auriez investi.

    Ce projet vous demandera bien sûr beaucoup de ténacité, mais quand on prend connaissance de votre si jolie réalisation de broderie anglaise, on ne peut douter de votre opiniâtreté !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.