D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé dessiner et jusqu’à ce que je termine mes études je dessinais beaucoup, tous les jours, en marge sur mes feuilles de cours. Il y a des gens qui dessinent pour mieux écouter, mais ce n’était pas mon cas. Quand je dessinais, je plongeais dans ma bulle, je n’écoutais pas, je ne prenais pas de notes, rien ne m’intéressait plus que gribouiller des histoires avec mon stylo bic bleu (mon outil scriptural préféré au monde).
Peu à peu pourtant, à l’âge adulte, la pratique s’est tarie. Il m’arrivait toujours de dessiner au cours de réunions particulièrement ennuyeuses, mais beaucoup moins souvent. Or, il n’y a qu’en dessinant que l’on peut progresser et avoir l’impression de stagner est le meilleur moyen d’arrêter de dessiner.
Quand j’ai commencé l’aquarelle botanique en novembre 2023, en même temps que je profitais du plaisir de découvrir un nouveau médium, j’ai retrouvé l’envie de dessiner. Sans être une inconditionnelle du dessin académique, je trouve quand même que c’est important de pratiquer régulièrement le dessin d’observation pour exercer son œil et améliorer son sens des proportions en parallèle d’une pratique plus personnelle.

Pour autant, je trouve que s’il y a bien une pratique qui peut très vite se perdre, c’est celle du dessin quotidien. Je suis globalement une personne de routines. Cela fait plusieurs années que j’écris quelques pages dans mon journal tous les matins sans jamais déroger à cette règle (j’en parlais ici), plusieurs années que je lis un peu tous les jours. Je n’ai, a priori, pas trop de mal à installer une habitude. Pourtant, la pratique du dessin quotidien, elle, résiste.
Or, comme c’est quelque chose qui est important pour moi, j’ai mis en place plusieurs béquilles pour m’aider à me forcer à dessiner quand même et je me suis dit que ça pourrait valoir le coup de les partager avec vous.

Avoir un mini-carnet toujours sur moi
J’admire les gens qui transportent avec eux leur maison et qui remplissent leurs carnets de voyage de mille couleurs, mais en ce qui me concerne, ça ne me convient pas. Quand je sors, j’essaye d’avoir le sac le plus petit possible parce que sinon j’ai mal au dos et je n’aime pas du tout l’idée de m’entourer de plein de matériel dans un lieu public. Je suis timide, je veux pouvoir dessiner le plus discrètement possible.

Dans cette optique, je suis partie en quête d’un carnet de croquis qui soit le plus petit possible pour mes dessins d’observation du quotidien. J’ai aussi des carnets plus grands pour avoir plus d’espace, mais ceux-là restent à la maison. Pour avoir toujours un carnet sur moi, il fallait qu’il soit minuscule et qu’il puisse rentrer dans ma banane.
J’ai opté pour un carnet A6 Sakura de la marque Pigma senseï dont j’utilise déjà les feutres noirs et que j’aime beaucoup. Il se ferme avec un élastique et il possède un support pour un feutre, c’est la sobriété dont j’avais besoin.

Limiter le choix des techniques à son plus simple appareil
La raison principale qui me fait renoncer à dessiner c’est la flemme. Flemme de sortir mon matériel, flemme de trouver un sujet à dessiner, flemme de trouver un endroit où m’installer…
Pour lutter contre la flemme du matériel, j’ai décidé de me limiter à un seul feutre noir (Pigma senseï donc) avec une pointe de 0.4 mm qui me semblait la plus versatile, ni trop fine, ni trop large. J’aurais aussi bien pu choisir un style bic bleu, il n’est d’ailleurs pas impossible que j’explore cette option dans mon prochain carnet d’observation.
Bien sûr, ce serait plus plaisant à l’œil de mettre de la couleur ou de faire plus d’efforts techniques, mais l’idée de dessiner quotidiennement n’est pas de faire quelque chose de joli. L’idée est de pratiquer le dessin d’observation et de progresser. Si je veux trouver la motivation de dessiner au quotidien, il faut que je me simplifie la vie.

Dessiner ce que je vois
Parfois on saisit tout de suite la composition que l’on veut dessiner, d’autres fois, on peut avoir l’envie de dessiner sans savoir quel sujet choisir. Ce genre de tergiversations peut facilement entraver la décision de dessiner et tuer une habitude à petit feu.
Pour lutter contre ça, je m’efforce de dessiner ce que je vois au moment T, sans me prendre la tête. Une fois encore, le sujet du dessin n’a pas d’importance puisqu’il s’agit juste de pratiquer. Si ce que j’ai sous les yeux est une tasse vide et des mouchoirs sales et que je ne suis pas plus inspirée, je vais les dessiner.

Ne pas m’intéresser au résultat
Quand on dessine presque tous les jours on fait des progrès incroyables très rapidement. C’est d’ailleurs quelque chose d’assez génial parce qu’il n’y a pas de doute à avoir ou d’objections à base de « oui, mais pas moi parce que je suis trop nul·le ». Vraiment, plus on dessine, mieux on dessine, c’est mathématique. J’ai commencé mon carnet d’observation au mois de décembre au début des vacances de Noël, je n’ai qu’à le feuilleter pour voir la différence entre le mois de décembre et le mois de mars. C’est fou.
Tous les dessins ne sont pas réussis, certains sont même vraiment très ratés, y compris parmi les plus récents, mais dans le fait de dessiner tout les jours ce n’est pas un dessin qui compte, c’est la progression. Une progression n’est pas linéaire. Ce n’est pas parce que l’on progresse que les dessins sont meilleurs un jour après l’autre. Il y a toujours des ratés, des moments où on ne dispose pas d’assez de temps et où on est obligé de bâcler, ce qui compte pour moi c’est l’ensemble et le plaisir plus tard de feuilleter les pages de ce petit carnet d’observations quand il sera terminé.
Ne m’accorder que le temps dont je dispose
Auparavant, j’avais tendance à me décourager à l’idée du temps que dessiner allait me prendre, ce qui avait pour conséquence que je ne dessinais pas. Aujourd’hui, même si je suis toujours tentée par cette pensée et par la flemme, j’y résiste en me disant que si je ne dispose que de 5 minutes, je ferai un dessin en 5 minutes.
Comme la réussite ou non du croquis d’observation n’a pas d’importance puisque c’est le fait de dessiner qui nourrit et ancre la pratique, je ne me limite plus à cause du temps. Je me lance et je vois bien comment ça se présente. Si mon modèle est statique et que j’ai envie de prendre le temps de le peaufiner, je le fais. Si mon modèle bouge ou que j’ai envie que ça aille vite, je me contente d’une esquisse plus ou moins détaillée. Tout est valable et surtout, tout est utile.
Voilà pour mes béquilles pour dessiner (presque) tous les jours. J’espère qu’elles vous donneront des idées à adapter à vos propres problématiques. N’hésitez pas d’ailleurs à me partager vos astuces pour ancrer des habitudes. Je m’arrête ici et je vous donne rendez-vous mercredi prochain pour vous parler d’un roman extraordinaire. Bonne semaine.