Ce texte a été initialement publié sur Le Papyrophile le 16 octobre 2018.
J’avais des plis sous les yeux, de grandes traînées de poudre. Sous mes paupières, des rivières qui parlent de moi. Je dis « je », mais c’est « toi », c’est « elle ». Mon je c’est l’universel et le particulier, il englobe l’humanité et toutes ses individualités. Mon je est un « regarde comme elle pense », « regarde comme il pleure ».
J’ai la rage, je crie. J’ai envie que tu vives et que tu meures. Je suis sur le fil des passions contraires. J’ai mis du noir sur mes yeux pour dire au monde « Regarde, je suis là et je n’ai pas peur. »
J’ai peur, mais je veux me mentir et raconter un récit autre. Je m’émancipe et je suis libre, ton amour ne m’enferme plus. Je veux te montrer ce que je peux faire, je cabotine. Tu n’es pas mon modèle, je veux te fuir.
Sans le savoir tu m’inspires, je te désire. Toi, moi, elle et il. Tout se confond en un je anonyme.
Photo de couverture par Jose A.Thompson via Unsplash