Pendant longtemps, j’ai observé les artistes utiliser des carnets de croquis sans arriver à intégrer cette pratique. Je savais théoriquement à quoi cela leur servait, mais sans l’expérience, cette connaissance restait en surface. Il me manquait la pratique pour vraiment intégrer en profondeur ce savoir.
En décembre 2024, j’ai commencé à intégrer dans mon quotidien un carnet de croquis d’observation d’après nature, dont je vous parlais dans cet article. Ce carnet, que je remplis uniquement au feutre noir, m’a été très utile pour améliorer mon dessin, ma rapidité d’exécution et mon sens de l’observation, mais cet été, j’ai senti qu’il me manquait quelque chose.
J’aime beaucoup dessiner en noir et blanc pour le plaisir, mais c’est malgré tout la couleur que j’ai envie de mettre en avant dans mon travail d’illustration. Or, les seuls moments où je dessinais en couleurs, je me lançais dans des illustrations « définitives », soit pour les images de couverture de mes articles de blog soit dans le but de développer mon portfolio. Je n’avais pas d’espace d’expérimentation en couleurs pour tester des palettes, croquer sans pression et accepter de faire des dessins ratés.

J’ai traversé une petite crise créative pendant mes vacances au mois d’août, et j’ai compris que c’était un carnet de croquis en couleurs qu’il me manquait : une pratique régulière, quasi quotidienne d’illustrations complètes pour exercer ma main, mon sens de la composition et des palettes de couleurs.

Cela fait maintenant deux mois et demi que je dessine quasi quotidiennement (ou en tout cas plusieurs fois par semaines) dans ce carnet de croquis. Il peut s’agir de dessin d’observation direct, de création personnelle à partir d’éléments disparates ou même d’une copie d’une photo ou d’une illustration enregistrée sur Pinterest. Le but : expérimenter la couleur et voir ce qu’il en ressort, créer mon vocabulaire personnel et habituer ma main à travailler de cette manière. Comme tout carnet de croquis, il n’a pas pour but d’être diffusé, mais de nourrir et d’enrichir mon langage graphique.

Sans surprise, cette nouvelle pratique m’a fait énormément de bien. Elle m’a aidée à faire descendre la pression du dessin réussi, m’a autorisée à avoir un geste plus relâché et m’a permis d’exercer mon style de manière plus régulière. Au bout de deux mois, je me suis sentie assez solide pour pouvoir me servir des croquis de ce carnet pour créer des illustrations finales sur un papier de meilleur qualité avec un meilleur rendu des couleurs. J’ai expérimenté concrètement ce dont j’avais déjà l’intuition.

Grâce à cette pratique, j’ai appris plusieurs choses :
– ce que je dessine dans ce carnet de croquis est une réserve de formes, de thèmes et de couleurs, dans laquelle puiser pour composer des illustrations. Il est plus facile d’utiliser un motif ou une combinaison de couleurs que j’ai déjà testée dans mon carnet et il y a aussi moins de risque d’échouer.
– je n’ai pas de problème avec le fait de dessiner une version brouillon dans mon carnet de croquis avant d’en faire une version définitive sur un papier plus qualitatif. Je ne fais pas partie des gens que ça dérange de dessiner plusieurs fois la même chose et faire un brouillon en vitesse, mais assez détaillé quand même me permet de savoir si oui ou non, j’ai envie que cette illustration existe en y mettant plus de soin.
– utiliser la même technique de manière très régulière voire quotidienne est incomparable pour faire des progrès. Ce n’est pas seulement une question de qualité de dessin au sens académique, comme je le croyais en commençant mon carnet d’observation en noir et blanc. Il s’agit vraiment de faire travailler sa main et sa mémoire musculaire pour tout ce que cela concerne de créer une illustration donc aussi bien le dessin au sens strict, que les compositions, les formes, les combinaisons de couleurs, les stratégies pour corriger une erreur, la méthode et les étapes de création.

Le temps étant limité, il n’est pas toujours possible de remplir avec assiduité mes carnets de croquis tout en faisant des illustrations finales, mais j’ai compris que l’un ne peut pas fonctionner sans l’autre et qu’il s’agit d’un dialogue entre ces deux pratiques, qui s’enrichissent mutuellement.

Bref, je suis très heureuse d’avoir intégré une pratique régulière du carnet de croquis en couleurs dans ma vie d’artiste et j’espère que ce retour d’expérience vous donnera des idées pour mettre en place des petites décisions créatives dans votre vie.



Voilà pour ce petit tour dans mon carnet de croquis en couleurs. Je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour vous parler couture parce que j’ai énormément cousu au mois d’octobre et j’ai beaucoup de choses à vous montrer. D’ici là, je vous souhaite une bonne semaine. 🙂





