Le 30 avril 2021, après plus d’un million de signes écrits sur mon manuscrit en cours, soit 459 pages du premier jet d’un roman de fantasy, j’ai finalement décidé de l’abandonner.
Ce n’est pas la première fois que je choisis de renoncer à une ébauche et ce n’est pas non plus la première fois que je décide d’abandonner ce roman-là, dont une première version, datée de 2004, existe toujours, un peu honteuse, dans les dossiers de mon ordinateur.
En 2017, j’avais décidé de lui redonner une chance en entamant une réécriture complète, plus en accord avec la personne que j’étais devenue et, en toile de fond, tandis que j’avançais parallèlement sur d’autres projets, j’ai écrit.
J’ai tant écrit que j’ai dépassé le million de signes, ce qui ne m’étais jamais arrivé, et pourtant, j’ai décidé d’abandonner.
Le 30 avril 2021, comme une révélation, j’ai compris que j’avais fait fausse route. Je n’avais pas centré l’histoire sur les bons personnages, et ce faisant, j’avais perdu le lien affectif avec mon roman : il ne me faisait plus vibrer.
Cet abandon ne s’est pas décidé sans hésitations. Après avoir tant travaillé et y avoir tant cru, n’était-ce pas un échec de renoncer ? Pourtant j’ai senti qu’à ce moment-là, je prenais la bonne décision. Pour m’en convaincre, je me suis écrit une lettre dont je vous partage ici un extrait :
Les vieux travaux commencés et inachevés ne sont pas des échecs. Ils ne sont simplement plus justes et tu as le droit de les abandonner derrière toi. Ça ne fait pas de toi quelqu’un qui trahirait ses valeurs de fiabilité. Tu ne renies pas ces embryons d’histoires, tu leur laisses simplement occuper la place qu’ils doivent prendre. Ni trop petite ni trop grande. Tu ne dois pas te tromper : ce n’est pas parce qu’ils existent qu’ils doivent être développés.
Ainsi j’ai commencé à faire mon deuil. J’ai accepté de renoncer à la moi du passé qui s’accrochait à cette histoire et j’ai accueilli l’idée de faire table rase pour commencer un nouveau projet.
Photo de couverture par Green Chameleon via Unsplash