[Exposition] Boldini, les plaisirs et les jours au Petit Palais

Exposition Boldini les plaisirs et les jours au Petit Palais - Carnet de recherches de Lucie Choupaut

Bonjour à toutes et à tous ! Si vous me suiviez sur mon ancien blog, vous savez qu’il m’arrivait d’y publier des critiques d’exposition en lien avec le costume. Je vois moins d’expositions depuis que j’ai quitté Paris, mais des séjours réguliers me permettent quand même d’en visiter quelques unes et il se trouve que de temps en temps, j’ai envie de vous en parler.

Pendant mes vacances de Pâques, j’ai eu l’occasion de visiter trois expositions dont une que j’ai tout particulièrement aimée : l’exposition Boldini, les plaisirs et les jours au Petit Palais.

Portrait de Miss Bell par Giovanni Boldini, 1903
Giovanni Boldini, Portrait de Miss Bell, 1903, huile sur toile, Villa Grimaldi Fassio, Civica Raccolta Luigi Frugone (Musei di Nervi), Italie © Musei di Nervi, Raccolte Frugone

Découvrir le peintre Giovanni Boldini

Giovanni Boldini (1842-1931) est un peintre italien qui a fait presque toute sa carrière à Paris et qui a notamment rencontré un grand succès pour ses portraits mondains à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Pour être honnête, je n’avais jamais entendu parler de lui, mais plusieurs contacts du milieu de la culture ont parlé de cette exposition en bien et voyant qu’elle contenait quelques costumes, j’ai eu envie d’aller y faire un tour.

Après des débuts à Florence, Boldini arrive à Paris en 1871 juste après la Commune, pour un bref séjour qui va en fait durer 60 ans. Il y est happé par la vie parisienne, la frénésie mondaine et les activités nocturnes.

Il commence sa carrière parisienne avec des scènes de genre en costumes XVIIIe, qui sont à la mode à ce moment là, mais il finir par abandonner cette peinture commerciale pour représenter l’effervescence de la vie moderne et devient reconnu pour ses portraits mondains.

Portrait de la princesse Marthe Lucille Bibesco par Giovanni Boldini, 1911
G.Boldini, Portrait de la princesse Marthe-Lucile Bibesco, 1911 Huile sur toile © Collection particulière All reproduction forbidden excepted for any communication document connected to the exhibition

À partir de 1890, il décide de ne plus montrer au public que ces derniers et garde pour lui le reste de sa production, notamment des scènes d’atelier sans figure humaine.

Portrait de Glady Deacon par Giovanni Boldini, 1916
G. Boldini, Portrait de Glady Deacon, 1916, huile sur toile, Woodstock Blenheim Palace Hertiage Foundation. (Photo prise par mes soins dans l’exposition).

Boldini, une touche moderne

Ce n’est pas la première fois que je trouve excellente une exposition du Petit Palais (j’avais d’ailleurs chroniqué l’exposition Paris Romantique sur feu Mode d’Hier et d’Aujourd’hui, il faudra peut-être que je republie l’article ici). Dans ce cas précis, j’ai non seulement apprécié l’exposition, mais j’ai aussi eu un vrai coup de cœur pour la peinture de Boldini, que j’ai trouvée incroyablement moderne. Sa touche associe des parties très détaillées et d’autres brossées à grands traits pour produire un effet de flou et de mise au point que j’ai trouvé vraiment intéressant.

Marine à Venise par Boldini en 1909
G. Boldini, Marine à Venise, vers 1909, huile sur bois, Ferrare, Museo Giovanni Boldini (Photo prise par mes soins dans l’exposition)

Certains de ses tableaux, bien antérieurs, m’ont évoqué les peintres futuristes italiens des années 1910-1920. Les silhouettes féminines, elles m’ont fait penser à la ligne sinueuse des peintures maniéristes au XVIe siècle. Quand on a étudié l’histoire de l’art comme c’est mon cas, la peinture de Boldini résonne, paraissant à la fois très nouvelle, mais aussi familière. Bref, un style tout à fait singulier, qui m’a beaucoup plu.

Portrait du peintre Joaquin Auraujo y Ruano en 1882 par Boldini
G. Boldini, Portrait du peintre Joaquin Auraujo y Ruano, vers 1882, huile sur bois, Ferrare, Museo Giovanni Boldini (Photo prise par mes soins dans l’exposition, j’ai eu un véritable coup de foudre pour ce tableau)

Je n’ai pas l’habitude de parler d’art pictural sur ce blog – parce que si j’ai une formation d’historienne de l’art, je ne me sens pas tellement légitime pour le faire, ayant bifurqué depuis un moment – et s’il ne s’était agit que de peinture, je ne vous aurais certainement pas parlé de cette exposition, mais comme celle-ci a un lien avec le costume, cela me paraissait pertinent. (N’hésitez pas d’ailleurs à me dire si vous aimeriez lire ici des articles davantage liés aux arts visuels sans lien d’aucune sorte avec mes thématiques habituelles. J’ai par exemple énormément aimé l’exposition sur le travail photographique de Graciela Iturbide, en ce moment à la Fondation Cartier et je pourrais vous en parler avec plaisir. Mais, fermons cette parenthèse et revenons à Boldini.)

La comtesse de Rasty allongée par Giovanni Boldini en 1880
G. Boldini, La Comtesse de Rasty allongée, vers 1880, pastel sur soie, collection particulière, courtesy Massimo Vecchia (Photo prise par mes soins dans l’exposition)

Boldini et la mode

Si, donc, je voulais vous parler de Boldini, c’est parce qu’il a peint des portraits de femmes et d’hommes de son temps avec un souci du détail ce qui fait de lui un témoin tout à fait intéressant pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire du costume. Évidemment, il s’agit de peinture et je vous le disais plus haut, sa manière de représenter les corps n’est pas réaliste. Il y avait une « silhouette Boldini » qui représentait pour certaines femmes de la Belle Époque un idéal auquel se conformer. On le sait, le XXIe siècle est loin d’avoir inventé les diktats relatifs à la beauté des femmes.

Portrait de Georges Goursat dit Sem par Boldini en 1902
G. Boldini, Portrait de Georges Goursat, dit Sem, 1902, Huile sur toile, Paris, MAD – Musée des Arts décoratifs © MAD, Paris /Jean Tholance

Toujours est-il que la façon qu’avait Boldini de représenter les vêtements est intéressante. En ce qui me concerne, quand je réalise des costumes, c’est l’accessoirisation qui pèche et j’ai aimé regarder quels bijoux étaient portés avec les tenues par exemple.

Jours tranquilles par Giovanni Boldini en 1875
G. Boldini, Jours tranquilles ou Jeune Femme au crochet, 1875 Huile sur toile Williamstown, The Sterling and Francine Clark Art Institute © Image courtesy Clark Art Institute. clarkart.edu

J’ai aussi aimés observer la façon dont il représentait l’intimité, avec de silhouettes de femmes ou de jeunes filles qui s’avachissent dans des canapés. Une preuve de plus, s’il en fallait, que les vêtements de toutes les époques sont faits pour vivre dedans.

Berthe fumant par Boldini, 1874
G. Boldini, Berthe fumant, 1874 Huile sur bois, Collection particulière, courtesy Concezione Ltd

En outre, sont exposées quelques robes issues des collections du Palais Galliera pour clore le propos, ce qui est toujours agréable.

détail robe du soir vers 1905
Robe du soir vers 1905, mousseline de soie rose, tulle ivoire brodé de paillettes, broderies de perles et strass, Paris, Palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris. Don de la famille d’Alice Alleaume [inv. 2008,29,11(1)] (Photo prise par mes soins dans l’exposition)

Bref, vous l’aurez compris, c’est une visite que je vous recommande chaudement. Si vous le pouvez, privilégiez les matinées de semaine pour pouvoir prendre votre temps sans être pressé·e par la foule.

Conversation au café par Boldini en 1879
G. Boldini, Conversation au café, 1879 Huile sur bois © Francesca Dini Archive, Florence

Je m’arrête ici en espérant vous avoir intéressé·e et je vous dis à bientôt. J’ai un costume 1945 sur le feu pour les célébrations du 8 mai et je suis à la bourre ! Bonne fin de semaine. 🙂

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