[Exposition] Oskar Kokoschka au musée d’art moderne de Paris

Exposition Oskar Kokoschka à Paris - anar(t)chie, journal de bord de Lucie Choupaut

Bonjour à toutes et à tous ! Avant le traditionnel bilan qui clôturera l’année, j’avais envie de vous parler d’une exposition, vue récemment lors d’un rapide séjour à Paris et qui est en cours jusqu’au 12 février 2023 : Oskar Kokoschka, un fauve à Vienne.

Pour tout vous dire, je n’avais pas du tout l’intention de visiter cette exposition, je projetai de voir à la place celle sur la garde-robe de Frida Kahlo au Palais Galliera, mais il semble qu’il faille s’y prendre longtemps à l’avance pour réserver une place, ce que je n’avais pas fait. Sachez donc que lorsque tous les créneaux vendus sur Internet sont réservés, le palais Galliera ne délivre pas d’entrées sur place, mieux vaut donc éviter de faire le trajet pour rien…

Mais bref, comme j’étais dans le quartier, je me suis rabattue sur le musée d’art moderne de Paris, qui propose toujours de très bonnes expositions, même si à première vue, je n’étais pas particulièrement emballée par l’œuvre d’Oskar Kokoschka, que je connaissais en fait assez mal.

Kokoschka, Les amis, 1917-1919
Oskar Kokoschka, Les amis/Die Freunde, 1917-1918. Huile sur toile. Linz Lentos Kunstmuseum (photo prise par moi dans l’exposition)

Kokoschka, l’art contre le fascisme

Oskar Kokoschka (1886-1980) est un artiste viennois, qui a commencé sa longue carrière au début du XXe siècle. À la fois peintre, poète et dramaturge, il avait un goût certain pour la provocation et a inspiré de nombreux artistes comme par exemple Egon Schiele. Ce portrait photographié en 1909 le montre par exemple le crâne rasé parce qu’il avait décidé de donner raison aux critiques de l’époque qui le qualifiaient de sauvage. Ça vous donne un aperçu du personnage…

Portrait de Kokoschka le crâne rasé, 1909
Oskar Kokoschka le crâne rasé, 1909. Tirage argentique monté sur carton. 23,7 x 18 cm ©Oskar Kokoschka Zentrum, Universität für angewandte Kunst Vienne / photo Wenzel Weis

J’ai trouvé cette exposition particulièrement intéressante pour deux raisons. La première, c’est qu’Oskar Kokoschka a eu une longue vie et a peint continuellement. On peut donc observer l’évolution de son travail sur le temps long et voir ce qui a construit son style, ce qu’il a affiné et ce qu’il a conservé au fil des années. J’ai trouvé que sur une carrière de 70 ans, il y avait une certaine stabilité dans son art et ça m’a touchée. J’ai aussi aimé percevoir le gain en maturité de l’homme autant que de l’artiste, tout en conservant ce qui était constitutif de son identité.

Kokoschka, Tortues géantes, 1927
Oskar Kokoschka, Tortues géantes (tortues alligator) / Riesenschildkröten, 1927. Huile sur toile 90,4 × 118,1 cm. Kunstmuseum Den Haag, La Haye ©Fondation Oskar Kokoschka / Adagp, Paris 2022

La seconde raison et qui est celle pour laquelle j’avais envie de vous parler de l’exposition dans ce journal de bord, c’est qu’elle parle en creux de ce que c’est que d’être un artiste sous le fascisme. Kokoschka, s’il n’était pas Juif et donc pas persécuté en tant que tel, a été l’un des noms brandis par les Nazis comme tenant d’un art dégénéré. Plusieurs de ses œuvres ont été saisies et il a été contraint à l’exil. Le nombre de fois où il a cherché à obtenir une autre nationalité est assez frappant et révélateur de ce que cela implique d’être un artiste marginal dans un monde dominé par le fascisme.

Or, je trouve que c’est un rappel à la fois nécessaire et inquiétant dans le contexte de montée des extrêmes droites que nous connaissons aujourd’hui. Je ne peux donc que vous recommander d’aller faire un tour dans cette exposition si vous en avez l’occasion.

Kokoschka, Autoportrait en artiste dégénéré, 1937.
Oskar Kokoschka, Autoportrait en « artiste dégénéré » / Selbstbildnis eines ‘Entarteten Künstlers’, 1937. Huile sur toile 110 x 85 cm National Gallery of Scotland, Édimbourg En prêt d’une collection particulière ©Fondation Oskar Kokoschka / Adagp, Paris 2022

Notez que l’exposition sera ensuite montrée au Guggenheim de Bilbao du 17 mars au 3 septembre 2023, une autre occasion de la voir au cours de l’année.

Bref, je vous laisse ici et je vous donne rendez-vous dans quelques jours pour le bilan de cette deuxième année de journal de bord. À bientôt !


Image de couverture : Oskar Kokoschka, Londres, petit paysage de la Tamise / London, kleine Themse-Landschaft, 1926. Huile sur toile 60,5 x 91 cm. Albertina Museum, Vienne – The Batliner Collection ©Fondation Oskar Kokoschka / Adagp, Paris 2022

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