Une robe pour l’Armistice du 8 mai 1945

Armistice 1945 à Rognac, une robe années 1940 - Carnet de recherches de Lucie Choupaut

Bonjour à toutes et tous ! Me revoilà avec un peu de retard, parce que j’ai eu une fin de semaine assez chargée. Je vais vous raconter ça…


Quand j’ai commencé la couture, je me suis jetée dans le grand bain du costume historique en intégrant une association avec laquelle j’ai fait quelques sorties (de brefs aperçus ici et ). Entre 2015 et 2019, j’ai mis en pause la couture de costumes et donc les sorties, mais je me suis remise aux costumes depuis et je me suis renseignée récemment sur les associations du sud de la France.

Il y a quelques semaines, j’ai rejoint l’association Coudre l’histoire à Salon de Provence, et j’ai fait ma première sortie avec eux ce week-end, à l’occasion de l’Armistice du 8 mai 1945.

Je n’avais pas de tenue appropriée, il a donc fallu en coudre une rapidement et l’ajouter dans mon programme de couture, déjà assez chargé.

Je me suis dépêchée de coudre, la semaine dernière, une tenue pour apporter une touche civile à un défilé de voitures militaires dans la ville de Rognac.

femme en robe années 1940 en coton à rayuressaumon
Photo : jPiG

Le patron de robe années 1940

Il se trouve que j’avais acheté d’occasion il y a quelques mois un patron de robe années 1940 : le patron M7433 de chez McCalls, que j’avais envie de tester et l’association m’a fourni un coupon de 2 mètres de coton rayé et souple pour la modique somme de 5 euros.

Patron McCalls 7433

Premier hic, le coupon était vraiment petit pour faire passer la robe dedans (le patron recommande 2,80 m de tissu) et je me suis cassée la tête pour pouvoir couper toutes les pièces. J’ai d’ailleurs dû faire l’impasse sur la ceinture en tissu, ce qui n’était pas trop grave puisque j’avais trouvé une fine ceinture en cuir en vide grenier, qui ferait très bien l’affaire.

Deuxième hic, tout ne me plaisait pas dans cette robe et je voulais lui apporter quelques modifications : transformer légèrement l’encolure, supprimer la fermeture éclair sous le bras et ouvrir complètement la robe devant pour la fermer par un boutonnage.

Comme il s’agit d’une robe plutôt ajustée, j’ai coupé la taille qui correspondait à mon tour de taille et qui était la dernière de la pochette : la taille 14. Sans indication sur la stature du patron, j’ai réduit la hauteur du buste de 4 cm parce que je sais que j’ai un petit buste, mais je me suis arrêtée là. J’ai hésité à retoucher la carrure, mais pour une première version sans toile préalable je n’ai pas osé.

femme en robe 1945 en coton rayé
Photo : jPiG

Ce patron m’a causé des difficultés. En lisant les instructions avant de commencer je me suis bien dit que la couture allait me prendre du temps et ça n’a pas manqué. J’ai dû y passer au moins 12 heures en tout sur plusieurs jours en prenant mon temps.

Sachez, si vous faites ce patron, qu’aucune finition n’est prévue, il faut donc à mon avis avoir un peu de bouteille pour penser à les prendre en considération. Par exemple, j’ai rabattu les couture des empiècements épaules et dos à la main et j’ai cousu les côtés de la robe en couture anglaise pour avoir un intérieur assez propre, mais si j’avais suivi aveuglément les instructions, l’intérieur de ma robe serait super cracra.

dos de la robe années 1940 en coton
Photo : jPiG

J’ai aussi été déstabilisée par l’empiècement de l’encolure. J’ai trouvé la construction assez bizarre et peu efficiente. Je ne sais pas s’il s’agit d’une modernisation d’un patron d’époque ou s’il s’agit d’une création moderne, mais en tout cas je n’ai pas beaucoup aimé cette façon de faire, et le résultat me semble un peu brouillon.

Enfin, c’était la première fois que je faisais des boutonnières en tissu (je ne sais pas si ce sont des boutonnières passepoilées ou si ces dernières sont faites avec une autre technique) donc elles ne sont pas très réussies. Il faudra que je regarde des tutos avant d’en refaire la prochaine fois.

Du point de vue de l’ajustement, je suis moyennement satisfaite de la robe : la carrure est vraiment trop large, les emmanchures descendent à mon avis trop bas et l’encolure godaille un peu malgré le soin et les repassages. Il faudra clairement que je refasse une version en retouchant le patron.

Néanmoins, j’aime énormément cette jupe à plis dont je trouve qu’elle fait une très jolie ligne, y compris quand on a un peu de ventre. J’ai très envie de me refaire plein de robes comme ça, notamment pour sortir dans la vie de tous les jours (par exemple pour aller danser le tango).

dos de la robe années 1940 devant un camion de l'armée américiane
Photo : jPiG

Un mot sur l’accessoirisation

Comme l’accessoirisation des tenues historiques n’est, à mon avis, vraiment pas le plus simple quand on débute la reconstitution, je vais brièvement vous parler du reste de la tenue, qui a été chiné en vide-grenier.

Je porte sous la robe une combinaison en nylon, trouvée pour 3 € sur un vide grenier et qui avait l’exacte couleur de mon tissu. Cette combinaison est de la taille 42 donc un peu trop grande pour moi et pas du tout historique, mais elle faisait le job. La dentelle avait tendance à se voir dans le décolleté, ce qui m’a un peu agacée, mais comme il faisait froid, j’ai porté un foulard autour du cou la plupart du temps donc je pense que ça ne se voyait pas trop.

Les chaussures sont initialement des chaussures de claquettes, trouvées sur un vide grenier par jPiG il y a plusieurs années et auxquelles il avait retiré les plaques (il les a toujours, elles pourront donc resservir de claquettes à l’occasion). Le seul problème est qu’elles sont du 39 et que je chausse du 38 donc elles sont quand même un peu grandes, même avec des chaussettes. La prochaine fois, il faudra que je leur mette des semelles intérieures, mais cette fois-ci je n’ai pas eu le temps.

Tenue 1945 près d'un camion de l'armée américaine
Photo : jPiG

Le sac à main en cuir vintage a été trouvé dans l’armoire de sa grand-mère et la ceinture en cuir ancienne d’à peu près la bonne époque, sur un vide grenier pour 1 €.

Le bibi en feutre noir est un chapeau d’époque trouvé sur le même vide grenier pour 2 €. Une merveilleuse trouvaille à ma taille, je l’aime beaucoup.

Le foulard en laine était déjà à moi, trouvé à Kilo stock à Toulouse il y a quelques années.

Mon plus grand point faible est toujours la coiffure parce que j’ai assez peu de cheveux, en particulier en ce moment puisque j’ai un carré court avec frange. J’ai utilisé des rajouts à clips pour la coiffure (je les avais achetés quand j’avais commencé la reconstitution historique) et je me suis inspirée des tutos de Karolina Zebrowska, en particulier cette vidéo. J’ai fait une première tentative, qui malheureusement ne fonctionnait pas à cause de mes cheveux trop courts, je me suis donc débrouillée comme j’ai pu. Je pense que je vais me laisser un peu pousser les cheveux pour qu’il soit plus simple de me faire des coiffures différentes.

Malgré ses ratés, je suis plutôt contente de ce projet couture additionnel, même si je n’aime pas coudre dans l’urgence en général. Je trouve que l’ensemble était assez réussi et il me plaît bien. Il ressortira certainement à l’occasion des fêtes de la Libération de la Provence. À bientôt !

Lucie

Romancière et illustratrice, passionnée d'arts du fil et d'histoire du costume, je vous propose une promenade dans mon univers, fait d'écriture, de dessin, de costumes historiques, de garde-robe cousue main, de broderie, de tricot et de réflexions politiques.

5 commentaire

  1. Les chaussures trop grande, ça fait parfait pour une fin de guerre où on réutilise ce qui traîne 😉
    Pour la carrure, c’est pas qu’il faudrait mettre des épaulettes dans la robe? Dans mon imaginaire pas du tout historico-vérifié, c’est l’époque des épaulettes.
    Et toute ma compassion pour les patrons Big4 vintage, les deux fois où j’ai essayé, j’ai eu très envie de tout déchirer…

    1. C’est vrai que l’excuse fin de guerre est parfaite pour être attifé comme l’as de pique ! 😉 Même s’il y avait des épaulettes (je t’avoue que je ne sais pas), il faudrait quand même réduire la ligne d’épaules de chaque côté (et les emmanchures restent trop basses, on peut à peine lever les bras, c’est un comble !). J’avoue que ce patron m’a vraiment laissée perplexe, mais en prenant son temps et faisant à sa sauce, ça passe…

  2. Bonjour Lucie,
    Ta robe est très jolie et tu as fière allure en Parisienne « libérée » ! Bonne idée pour le boutonnage de haut en bas.
    Vois cet article https://seamracer.wordpress.com/tag/mccalls-7433/ qui montre le modèle d’origine : pas d’empiècement au dos et jupe à godets… Dommage que McCall’s n’ait pas reproduit cela pour la version 2016 !
    Je me prépare à coudre ce modèle, et je vais supprimer cet empiècement au dos, complètement incongru, mais garder les plis couchés piqués qui tombent bien.

    1. Salut Fourmi, merci pour ton message ! Effectivement c’est intéressant de voir les différences entre le patron d’origine et la réédition. Personnellement j’ai une préférence pour la jupe à plis plutôt qu’à godets. Attention en faisant le modèle, la carrure est vraiment large.

      1. Bonjour Lucie, Merci pour ton retour ! Ahhh, tu me fais bien hésiter entre jupe à plis ou à godets : je crois que ça va se décider en fonction du métrage que j’ai…
        Je pratique peu les patrons des Big Four, mais ils ont la réputation de tailler en général plutôt grand, et je l’ai moi-même constaté. Je m’en sors en comparant les mesures avec celles d’un patron Burda qui me va bien.

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