Bonjour ! Avant de vous parler encore tricot, puis couture, je vous poste ce petit poème, écrit dans le cadre d’un échange épistolaire poétique avec ma copine Christelle. Le principe est simple : nous nous envoyons des lettres par la poste, comprenant une poésie composée à partir de dix mots imposés par l’autre. Nous avions commencé cet échange en 2017, interrompu pendant quelques années et nous remettons ça depuis 2021. C’est vraiment très sympa à faire et amusant de découvrir ce qui nous vient à l’une et à l’autre avec des mots pas toujours faciles. Je trouve personnellement que je n’ai pas beaucoup de vocabulaire, donc cet exercice me pousse à sortir de ma zone de confort et c’est rigolo. Les mots imposés pour ce texte étaient : pendentif, rogner, ventiler, peket, méduse, pignon, cubitus, magma, lettrage, kraken. Bonne lecture !
À son cou, le pendentif flotte,
trou béant ouvert sur sa peau liquide.
De sa poitrine se déverse un magma infini, constellé d’étoiles
et les mèches épaisses de ses cheveux tout autour,
autonomes comme un kraken noir,
grignotent le bleu du ciel.
Elle se tient au sommet du pignon, engloutissant la ville.
Elle commence à rogner les bouts du monde et, en contrebas,
les mortels paniquent.
Telle la méduse d’Ulysse, sa rage ne connaît pas de limite.
Elle déverse son flot noir dans les ruelles,
désintègre le lettrage des enseignes.
Près du bar, un verre de peket au bout des doigts,
les clients se figent,
radius et cubitus prêts à rompre.
Il faudrait ventiler le ciel pour protéger les mortels,
mais rien ne peut plus arrêter la Reine de la nuit.
Image de couverture issue d’une illustration disponible sur Gallica : Le théâtre illustré. La flûte enchantée, à l’Opéra-Comique. Portraits d’Artistes : Mlle Bilbaut-Vauchelet, dans le rôle de la Reine de la Nuit datant de 1879. [Source]