Autopsie de deux corsages 1880

Bonjour à toutes et tous, je continue à vous montrer les pièces de ma « collection » de vêtements anciens, récupérés pour la plupart d’une partie de ma famille, issue de la bourgeoisie de l’Hérault. Je vous parlais précédemment d’une jupe et d’un jupon 1900 ayant probablement appartenu à mon arrière arrière grand-mère, nous allons encore remonter un peu dans le temps pour nous intéresser à deux corsages qui, je pense, datent des années 1880. Laissez-moi vous dire ma joie quand je les ai vus !

Simple as black

Le premier de ces corsages est très simple, noir, l’ouverture devant est rehaussée d’un « jabot » de dentelle noire et les poignets rehaussés d’un simple passepoil.

La coupe de ce corsage m’a fait étrangement penser au corsage de base 1880 sur lequel je travaille depuis plusieurs mois, raison pour laquelle je date cette pièce des années 1880.

Il se fermait initialement avec des boutons, mais ceux-ci ont disparu. Les boutonnières sont brodées à la main et dissimulées par la dentelle. Le col haut, lui, se ferme par des crochets.

Les manches sont en deux parties et légèrement coudées. Les poignets de manche apportent une discrète décoration avec un passepoil. Il y avait vraisemblablement quatre boutons sur chaque poignet de manche, mais ceux-ci ont, là aussi, disparus.

L’intérieur du corsage est très propre, ce qui me fait dire qu’il a été réalisé par une couturière professionnelle. Les marges de couture sont gansées sauf celles des emmanchures qui sont surfilées.

Ce corsage 1880 est entièrement baleiné : les baleines des devants ne sont fixées qu’en haut et en bas et restent ballantes au milieu. Elles sont aussi sécurisées par des points de broderie.

Comme vous le voyez, c’est un corsage qui a été cousu en partie à la machine et en partie à la main.

Je suis incapable de vous dire ce qu’est ce tissu. Ça me paraît être une toile assez grossière et donc un vêtement plutôt destiné à la matinée (je vous renvoie à mes articles sur la garde-robe d’une Parisienne, même si rappelons-le, nous ne sommes pas ici en présence du vêtement d’une Parisienne). Je me trompe peut-être, mais il me semble que cela ressemble à un corsage du quotidien. Néanmoins, comme il est dans un état assez exceptionnel, je ne sais pas s’il a été beaucoup porté.

Du velours et une doublure shiny de récupération

Le deuxième corsage est encore plus remarquable. Il est cousu dans deux velours différents : un noir et un bleu marine, ce qui crée de discrètes rayures. Le devant et les poignets sont ornés d’un très beau galon large brodé et la doublure est une merveille de piéçage et de récupération de tissus les plus divers.

Ce corsage-ci se ferme également devant par des boutons, qui ont survécu aux années. Le col haut se ferme, comme sur le premier corsage 1880 avec un crochet. Les boutonnières sont, cette fois encore, brodées à la main.

Le galon est très imposant et vient habiller les devants et poignets du corsage dont la coupe est très simple et à peu près identique à celle du précédent.

Ce que je trouve le plus étonnant dans ce corsage 1880, c’est l’utilisation de deux couleurs différentes de velours pour couper les pièces : un gris noir et un bleu marine. Ça ressemble fort à un procédé d’économie de tissu, ce que confirmerait plutôt la doublure extrêmement bariolée.

Ce corsage n’est, en revanche pas baleiné, mais une ceinture intérieure en sergé est présente pour le maintenir bien en place. Toutes les marges de couture sont surfilées.

Je peux me tromper, mais j’ai l’impression qu’il a été intégralement cousu à la main, il me semble par quelqu’un qui savait ce qu’il faisait et je trouve cette pièce assez extraordinaire ! J’aimerais beaucoup savoir de quelles pièces proviennent les différents tissus de cette doublure.

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Voilà pour cette petite autopsie de ces deux jolis corsages anciens. J’ai encore pas mal de pièces historiques à vous montrer, mais je reviendrai avant ça pour vous parler du tricot monté actuellement sur mes aiguilles. À bientôt !