[LIVRES] L’entraide selon Kropotkine

L'entraide, un facteur de l'évolution de Pierre Kropotkine - anar(t)chie, journal de bord

Bonjour à toutes et tous ! Me revoilà pour vous parler d’un livre de Pierre Kropotkine, mais avant ça je me permets un petit update de vie. La semaine prochaine, je quitte mon CDD après deux ans en dents de scie dans l’espoir de trouver quelque chose d’un peu plus enthousiasmant, à temps plein et surtout beaucoup plus près de chez moi. J’ai expérimenté travailler à 60 % à deux heures de transport de chez moi pendant deux ans et c’était vraiment trop usant.

Comme je serai officiellement au chômage le 1er novembre, j’ai décidé de consacrer mes mois de novembre et décembre à l’écriture pour terminer ENFIN la première partie de mon roman en cours (le premier jet est « presque » fini) et à la couture de mon stock. L’année 2024 sera placée sous le signe d’une probable reconversion ou en tout cas d’un léger changement de voie professionnelle et j’aimerais pouvoir dire que la première partie du Dernier fils est derrière moi à ce moment-là.

Je suis en tout cas très enthousiaste à l’idée de pouvoir consacrer mes mois de novembre et décembre à l’écriture et aux travaux d’aiguille. Vous ne pouvez pas savoir comme j’ai hâte !

Bref, parenthèse finie, revenons à Pierre Kropotkine.


L’entraide, un facteur de l’évolution est un livre écrit par Pierre Kropotkine entre 1886 et 1902. Son objectif avec cet ouvrage était de lutter contre le darwinisme social et le détournement de la théorie de l’évolution pour justifier la compétition et le capitalisme.

« Tous [les ouvrages de Darwinisme social] s’efforçaient de prouver que l’homme, grâce à sa haute intelligence et à ses connaissances, pouvait modérer l’âpreté de la lutte pour la vie entre hommes ; mais ils reconnaissaient aussi que la lutte pour les moyens d’existence de tout animal contre ses congénère, et de tout homme contre tous les autres hommes, était « une loi de la nature ». Je ne pouvais accepter cette opinion, parce que j’étais persuadé qu’admettre une impitoyable guerre pour la vie, au sein de chaque espèce, et voir dans cette guerre une condition du progrès, c’était avancer non seulement une affirmation sans preuve, mais n’ayant pas même l’appui de l’observation directe. »

Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur de l’évolution, Paris, nada éditions, 2020. p.27

Pour réfuter les arguments qu’il estime fallacieux, il passe donc en revue toutes les situations d’entraide, d’abord dans le monde animal, puis dans l’histoire des sociétés humaines, qui étayent l’idée que l’entraide est un facteur essentiel de l’évolution.

« […] la vie en société n’est pas l’exception dans le monde animal. C’est la règle, la loi de la nature […] Bien plus, il semble très probable, qu’à part quelques exceptions, les oiseaux et les mammifères qui ne se réunissent pas en troupes aujourd’hui, vivaient en sociétés avant l’envahissement du globe terrestre par l’homme, avant la guerre permanente qu’il a entreprise contre eux et la destruction de leurs primitives sources de nourriture. « On ne s’associe pas pour mourir », fut la profonde remarque d’Espinas […] »

Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur de l’évolution, Paris, nada éditions, 2020. p.89
couverture du livre "L'entraide" de Pierre Kropotkine
Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur de l’évolution, Paris, nada éditions, 2020.

Pierre Kropotkine était anarchiste, mais il était aussi un homme de la fin du XIXe et ce que cela implique de colonialisme intériorisé. Cela se ressent dans les passages où il parle des organisations en tribu, mais son propos est de dire que l’institution d’un État central a mis des bâtons dans les roues des organisations sociales précédentes, basées, elles, sur l’entraide. Pour autant, il estime que la société de son époque est la preuve que malgré les tentatives de l’État pour la détruire, l’entraide est trop profondément ancrée chez l’homme pour avoir disparu (il prend pour exemple les associations).

« En résumé, ni le pouvoir écrasant de l’État centralisé, ni les enseignements de haine réciproque et de lutte sans pitié que donnèrent en les ornant des attributs de la science, d’obligeants philosophes et sociologues, n’ont pu détruire le sentiment de solidarité humaine profondément enraciné dans l’intelligence et le cœur de l’homme, et fortifié par toute une évolution antérieure. »

Pierre Kropotkine, L’entraide, un facteur de l’évolution, Paris, nada éditions, 2020. p.331

Tout le livre de Kropotkine vise à démontrer que l’association est la meilleure arme pour « la lutte pour la vie » et il en appelle à l’étude plus approfondie de l’entraide comme facteur de l’évolution des sociétés humaines, afin de contrebalancer toutes les études sur l’affirmation du « moi » qui conduit les hommes à chercher la supériorité sur d’autres.

Voilà pour ce petit résumé. J’espère qu’il vous donnera envie de vous pencher sur la pensée de Kropotkine, qui a été très importante dans mon cheminement anarchiste personnel. Il faudra d’ailleurs que je vous parle un jour de son livre La morale anarchiste. À bientôt !

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