Bonjour à toutes et tous ! En ce moment, je couds beaucoup, mais je montre peu car je suis lancée dans la confection de deux costumes complets Premier Empire et comme à chaque fois, le costume historique est chronophage et il faut du temps avant que les différents éléments soient montrables.
Ces dernières semaines, j’ai commencé à travailler sur un costume de fripière pour incarner une commerçante ambulante lors d’un week-end de reconstitution historique au mois de mai. Je partais de presque zéro, les seuls éléments déjà cousus il y a plusieurs années étant un corset (plutôt 1820), une coiffe à froufrous et une petite chemisette pour dissimuler le décolleté de la robe.
Le corset n’est pas du tout idéal pour le costume que je veux coudre parce que je ne peux pas l’enfiler seule et que les bretelles n’arrêtent pas de tomber ce qui m’agace prodigieusement. Je préférerais coudre un corset court pour le remplacer, mais je doute d’avoir le temps donc je me concentre sur les autres éléments pour commencer. La coiffe était charmante, mais faite à la va-vite pour un GN et donc très mal finie. Il en était de même pour la chemisette. Comme les accessoires sont ce qu’il y a de plus important pour donner du corps à un costume, j’ai commencé par reprendre intégralement la coiffe et la chemisette. J’ai posé du biais à la main pour cacher tous les bords à cru, j’ai décousu les ourlets, recoupé légèrement les volants de la coiffe avant de les ourler à la main, et j’ai aussi remplacé le lien de la coiffe. Pour ce costume, j’ai commandé une indienne chez Henri & Henriette pour couper dedans un spencer et le coupon est arrivé emballé avec un ruban d’indienne donc ni une ni deux, je l’ai réutilisé.
Travailler sur cette coiffe et cette chemisette m’a pris un temps infini ! Je crois que j’ai passé en tout deux semaines de couture sur ces deux éléments, alors que j’ai beaucoup d’autres choses à coudre et un temps limité pour le faire, mais je n’ai aucun regret, je suis très contente du résultat. 😀
Outre ces accessoires visibles, j’avais très envie de me coudre un accessoire invisible, mais très utile : des poches à porter sous la robe. Une commerçante ambulante doit avoir les mains libres. Il y aura une ou deux poches dans mon tablier, mais je vais aussi avoir besoin de transporter sur moi et de façon discrète des éléments très modernes comme mes lunettes de vue et mon téléphone. Il n’était pas question de coudre un petit sac donc j’ai opté pour des poches à fixer à la taille. J’en avais déjà cousu il y a plusieurs années, des poches brodées XVIIIe, mais elles sont chez mes parents et de toute façon un peu trop riches pour une commerçante ambulante (comment ça on ne les verra pas ?).
Il y a longtemps que j’ai envie de me faire une paire de poches en patchwork pour utiliser mes chutes de tissu (je pense que c’est depuis que Green Martha a fait les siennes) donc je me suis attaquée à ça au moins de mars.
J’ai coupé des petits carrés dans des chutes de lin et de coton que j’ai organisés de façon harmonieuse et irrégulière pour le devant. Pour le dos, j’ai coupé des morceaux plus grands. Je n’ai pas poussé le vice jusqu’à les coudre à la main, les morceaux sont donc assemblés et surfilés au point zigzag à la machine. En revanche, j’ai cousu le biais de l’ouverture et rabattu la ceinture sur elle-même à la main (en relisant l’article de Green Martha, je me rends compte que j’aurais plutôt dû faire des coulisses en haut des poches pour faire passer la ceinture dedans, mais ce sera pour une prochaine fois. Je ne les ai pas non plus doublées, on verra si je regrette ce choix).
Quand je couds des costumes historiques, j’essaye autant que possible désormais de coudre les coutures visibles à la main : c’est plus correct et plus joli (et par ailleurs extrêmement relaxant).
Une fois mes poches faites, il a fallu que je planche sur la chemise à porter sous le corset. Je n’ai jamais eu de chemise Premier Empire correcte construite comme les patrons de l’époque (c’est-à-dire à base de rectangles de tissu et de goussets) donc j’avais envie de pallier ce manque essentiel de ma garde-robe. En même temps que le tissu qui m’a servi à ma combi Vipère, ma belle-sœur m’a amené 6 mètres de lin blanc dans lequel j’ai coupé cette chemise. Là encore j’ai assemblé les coutures à la machine, mais j’ai rabattu les coutures intérieures à la main pour que ce soit plus propre et que ça ne s’effiloche pas. J’ai ensuite posé un biais sur le pourtour de l’encolure (à la machine sur l’intérieur et à la main sur l’extérieur) et j’ai fait courir un lien à l’intérieur pour resserrer l’encolure.
Ces longues premières étapes terminées, je me suis penchée sur la question du jupon. Au début, je pensais coudre un jupon invisible par-dessus lequel je porterais une robe puis un spencer, mais en cherchant de l’inspiration dans les livres de Nathalie Harran, j’ai réalisé que je pouvais me simplifier la vie. Pour un costume populaire, il serait vraisemblable de me contenter d’un jupon monté sur bretelles et de dissimuler le haut avec une tunique courte ou un spencer (je ne sais pas comment on appelait ce type de vêtement en France à l’époque), c’est donc ce que j’ai décidé de faire.
Pour des questions d’économies, je préférais utiliser des tissus existants, je suis donc allée jeter un œil dans le stock de Romain et j’ai trouvé cette toile à matelas, cousue en housse. Je l’ai intégralement décousue et j’ai coupé dedans une jupe en utilisant le patron de la robe de matin 1800 reproduite dans le livre de Janet Arnold. J’ai dû un peu raboter la largeur dos et j’ai coupé droit en bas pour ne pas faire de traîne. Je suis très contente de ce jupon (porté sur l’envers de la toile à matelas, dont la couleur est un peu plus terne). Je l’ai assemblé à la machine avec des coutures anglaises, mais j’ai là encore fait les finitions visibles à la main.
Il me reste encore pas mal de travail entre le spencer, le tablier et idéalement le corset court, sans compter tous les éléments du costume de Romain qui va m’accompagner (pantalon, gilet, veste, chemise, tablier…) ! Je commence à être un peu stressée par l’ampleur de la tâche, mais je suis rassurée de voir que mon costume commence à prendre forme.
Je vous laisse ici et je continue sur ma lancée. En attendant la suite de ces costumes, je vous donne rendez-vous en début de semaine prochaine pour vous parler d’aquarelle. Bonne semaine !