Il y avait longtemps que je ne vous avais pas parlé d’exposition ici. Il faut dire qu’ayant beaucoup réduit le nombre de mes séjours à Paris pour des questions de temps et d’énergie, j’ai moins l’occasion de suivre l’actualité artistique de la capitale. Néanmoins j’y ai toujours de la famille et des amis, j’essaye donc d’y prévoir au moins deux fois par an un petit marathon de visites.
Cet été, j’ai passé quelques jours seule là-bas dans cette optique et je suis allée au BAL, un lieu d’exposition dédié à la photographie documentaire à côté de la place de Clichy. L’exposition en cours et jusqu’au 16 novembre 2025 est consacrée à la photographe états-unienne Donna Gottschalk.

Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix © Donna Gottschalk
L’exposition est en fait une histoire, celle de Donna Gottschalk et de ses amies, racontée par l’écrivaine et chercheuse Hélène Giannecchini. Les photographies sont accompagnées de textes, assez longs pour une exposition de photo, qui racontent un morceau de l’histoire de ces jeunes filles avec admiration et pudeur.

Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix © Donna Gottschalk
Donna Gottschalk a dix-huit ans en 1967. Elle est lesbienne et vit à Alphabet City, l’un des quartiers les plus dangereux de New York à l’époque. En 1968, elle se procure son premier appareil et commence à photographier son entourage, ses sœurs, ses parents, ses amies avec qui elle découvre peu à peu les communautés queer et militantes. Elle photographie ses proches pour elle, pour garder la trace de leur existence.
« Je n’interroge jamais Donna trop longtemps au sujet de ses images. Je sais que la peine est trop vive. Je m’en veux de lui demander un tel effort, de la pousser à convoquer ce passé où l’amour, l’émancipation et le désir sont mêlés à tellement de souffrances et de deuils. »
Donna Gottschalk, Hélène Giannecchini, Nous autres, Paris, LE BAL, Atelier EXB. p.52
J’ai été très touchée par le dispositif de cette exposition, c’est-à-dire de découvrir peu à peu la vie de Donna Gottschalk à travers ses images et les mots d’Hélène Giannecchini. C’est une véritable plongée dans l’intimité de cette jeune femme et de son groupe. On a envie de connaître l’histoire de toutes ces jeunes filles, de savoir ce qu’elles sont devenues et on devine, à demi mots, que l’histoire est triste.

Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix © Donna Gottschalk
J’ai été tellement touchée par ce récit, que je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter le catalogue de l’exposition. J’avais envie d’emporter avec moi une trace de la vie de Donna pour pouvoir m’y replonger.
Le BAL est un lieu d’exposition relativement confidentiel, en tout cas on n’est en général pas très nombreux dans les salles, mais l’exposition « Nous autres » a bénéficié d’une couverture médiatique plus importante. Je n’y avais jamais vu autant de monde (sans que ce soit bondé non plus) et ce succès est mérité. Si vous avez l’occasion d’aller voir l’exposition à Paris, n’hésitez pas !

Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix © Donna Gottschalk
J’espère que ce court article vous aura donné envie de vous plonger dans l’histoire et le travail de Donna Gottschalk. Pour ma part, je vous donne rendez-vous dans deux semaines pour vous parler d’un sujet totalement différent : un peu de couture historique. Bonne semaine !





