Bonjour à toutes et tous ! Une fois n’est pas coutume, je reviens cette semaine pour vous parler d’un projet qui n’est pas encore terminé. Comme il s’agit d’un projet au long cours, je me suis dit que ce serait intéressant de vous détailler un peu les étapes.
Je vous avais laissé, en ce qui concerne mon projet de toilette de bal 1880, avec un petit état des lieux des formes de robes qui semblent être à la mode, selon La Mode Illustrée, en 1880. Cet état des lieux m’a permis de dessiner le modèle que je veux réaliser et, après pas mal de procrastination, je me suis enfin attaquée au patronage du corsage.
Le patronage des corsages de costumes historiques est toujours une étape que je déteste. Je ne suis pas très douée à cet exercice, j’ai du mal à ajuster les vêtements sur moi et j’ai souvent tendance à faire un vêtement très serré à la taille et des emmanchures trop étroites.
Pour éviter d’avoir à reproduire cette étape trop souvent, je me suis dit que, cette fois, j’allais travailler sur le patron d’un buste de base parfaitement ajusté, qui pourrait ensuite me servir, après diverses modifications, pour tous types de corsages, décolletés ou non, avec des découpes ou non…
Je me suis donc attelée à cette tâche avec l’aide de mon fidèle livre Fashions of the Gilded Age de Frances Grimble, qui regorge de patrons de la période 1877-1882, qu’il n’y a qu’à agrandir. Les explications du livre pour agrandir les patrons sont en anglais et un peu nébuleuses pour mon esprit allergique aux mathématiques, j’utilise donc pour ma part la technique de la projection radiale, qui consiste à tracer des droites à partir d’un point central sur la miniature et à multiplier la longueur par un coefficient d’agrandissement calculé à partir d’une mesure de référence.
Comme j’ai un tour de taille assez large par rapport à mon tour de poitrine et mon tour de hanches (mesure prise évidemment avec la panoplie totale de dessous historiques), je me suis basée sur mon tour de taille pour agrandir le patron.
La conséquence de ce choix a été que le buste était trop long, ce que j’ai pu corriger en partie grâce à ma prise de mesures précédentes. J’ai ensuite réalisé une première toile, dans une popeline de coton (probablement mélangé) de mon stock de chutes et j’ai épinglé sur moi les ajustements à faire. Cela m’a permis de tracer un deuxième patron pour une deuxième toile.
Beaucoup plus satisfaisante, cette deuxième toile est encore loin d’être parfaite. J’ai utilisé une chute de mon stock : une gabardine de coton légèrement extensible, ce qui ne me facilite vraiment pas la vie…
Le devant me paraît, en l’état, à peu près correct. En revanche, les découpes du dos doivent être davantage creusées dans la chute de reins et il y a un problème avec la couture de la pièce côté. En traçant le patron, j’ai mal observé et considéré que la couture était droite, mais il va être indispensable de l’incurver légèrement à la taille pour éviter tous ces plis disgracieux.
Il va aussi falloir que je retravaille le bas du corsage parce que cette forme en pointe sur le devant et dans le dos ne convient pas à ce que j’ai observé des formes de corsages 1880.
Une fois que ces modifications seront faites, je devrai patronner les manches, ce qui est toujours assez compliqué.
Je suis quand même plutôt contente de la forme que ça prend et je me demande si je ne devrais pas, avant de modifier le patron pour en faire un corsage décolleté, vérifier que le buste de base est correct en coupant un corsage de jour basique pour une robe du matin.
Bref, je me pose pas mal de questions et on est encore loin d’une version aboutie, mais le fait de vous partager le processus démystifie un peu l’illusion de la facilité : « Pouf, j’ai fait un costume historique ». Non, de mon côté ça se passe toujours dans le sang et les larmes, c’est pourquoi c’est toujours très long. ^^
Je vous dis donc à la prochaine fois et d’ici là, je reviens pour vous montrer l’avancée de mon tricot, et j’espère une nouvelle chemise pour l’hiver… À la semaine prochaine !