Bonjour à toutes et à tous ! Suite à la republication de ma revue concernant les toilettes de soirée en 1880, je reviens (enfin !) avec un peu d’iconographie comme je l’avais déjà fait pour les dessous. Notez qu’écrire et publier ce genre d’articles me prend un temps infini, ce qui explique pourquoi j’en publie si peu comparativement aux projets de couture moderne, même si je les trouve personnellement beaucoup plus intéressants…
Mais bref, cette fois encore, cet article ne se veut pas exhaustif et vise simplement à faire un rapide état des lieux des formes de toilettes de bal qui semblent à la mode durant l’année 1880. Mon objectif étant de m’inspirer de ces courtes recherches pour imaginer la forme de la robe de bal qui devra aller sur mes dessous…
Pour commencer, je vous rappelle que je base cette iconographie sur les gravures de mode de La Mode Illustrée sur toute l’année 1880, source qui demeure évidemment très partielle, mais qui pourra être complétée par la suite au fur et à mesure de mes recherches.
Puisque je me base ici sur des gravures de mode et non sur des sources de vêtements d’époque conservés, j’en profite pour vous renvoyer à la récente vidéo de Green Martha sur les proportions discutables des silhouettes sur les-dites gravures. Vous pouvez la regarder ici.
La place des toilettes de bal dans La Mode Illustrée
La première chose à mentionner pour commencer cet état des lieux des toilettes de bal dans la Mode Illustrée en 1880, c’est la très faible proportions que ces dernières occupent dans les pages du journal. Il apparaît qu’il y a clairement une saison pour les soirées dansantes – l’hiver – et le faible nombre de toilettes représentées me fait penser que les bals ne font pas du tout partie des habitudes quotidiennes des bourgeoises.
Je vais, dans cet article, me concentrer sur les toilettes de bal et laisser de côté toutes les autres toilettes de soirée (dîner, opéra…) puisque mon objectif est ici de me coudre une toilette de bal. J’aurai sans doute l’occasion de revenir plus tard sur les autres types de tenues portées en soirée. Une fois n’est pas coutume, nous verrons aussi quelques tenues d’enfants en plus de l’habituel costume féminin.
Je le disais, il y a donc une saison pour les bals qui court, si j’en crois les publications du magazine, du mois de novembre au mois de février. Or, mon observation de la Mode Illustrée de janvier à décembre 1880 couvre deux saisons hivernales différentes : l’automne-hiver 1880 et l’automne-hiver 1881. On pourrait donc imaginer que la mode change très légèrement sur les deux saisons (dans les styles de coiffures ou d’ornements par exemple), mais le panel de gravures est malheureusement beaucoup trop réduit pour que cela puisse être perceptible.
Notez que la saison estivale n’est pas dénuée de sociabilités mondaines, mais le magazine ne montre aucune tenue pour soirée dansante en dehors de la période hivernale.
Formes et styles des toilettes de bal en 1880
Vous le voyez sur cette image consacrée exclusivement à des tenues de bal : même si la plupart sont décolletées, toutes ne le sont. Je l’écrivais dans l’article précédent, tout le monde ne danse pas dans les bals, et tout le monde ne se décollète pas non plus. Cette différence relève principalement de l’âge de la personne (plus on avance en âge, moins on danse).
Dans ce numéro du 4 janvier 1880 (supposément ce qui est à la pointe de la mode dans les bals à l’hiver 1880), on remarque plusieurs types de décolletés : carré largement ouvert, bordé de dentelle et le plus souvent accompagné de manches courtes (notamment des petites manches ballon), carré moins ouvert, bordé de dentelle avec des manches qui arrivent jusqu’au coude ou encore plus rond et plus échancré, plutôt bordé de fleurs et accompagné de minuscules mancherons.
Les corsages peuvent descendre plus ou moins bas sur les hanches avec parfois une ligne « princesse » qui descend très bal en polonaise (appellation utilisée dans le livre de Frances Grimble, mais que je ne me rappelle pas avoir rencontrée dans mes revues de la Mode Illustrée). Cette « polonaise » correspond à un corsage ajusté sur les hanches et ouvert devant qui descend sur les cuisses, presque jusqu’aux genoux. Il est à distinguer des bouillonnés qui ornent la jupe sous le corsage. Notez que la ligne reste « près du corps » et la tournure qui supporte les jupes reste basse et assez peu volumineuse (je suppose même que certains modèles ne nécessitent pas de porter une tournure).
Les jupes, quant à elles, paraissent toutes avoir une traîne, plus ou moins longue et agrémentée de plis couchés et/ou de dentelle. Cette représentation confirme les conclusions de l’article précédent sur le fait que seules les jeunes filles adoptent la « jupe ronde » dans les bals, c’est-à-dire une jupe « courte » sans queue (ce que nous appelons traîne aujourd’hui).
Les toilettes constituent globalement une débauche de plissés, froncés, volants, dentelles, fleurs, pompons, nœuds et autres joyeusetés, qui font tout le charme de cette mode à mon humble avis.
Avec ces quelques images, on commence à avoir une bonne idée de ce à quoi ressemblent des toilettes de bal, mais on peut aussi être surpris de trouver dans le magazine des représentations qui ne suivent pas cette dénomination. J’ai trouvé un exemple dans le numéro du 19 décembre 1880 avec cette toilette de dîner en satin vieil or et peluche prune. Elle a tous les dehors de la toilette de bal, mais elle est pourtant réservée au dîner.
Le magazine consacre quelques gravures aux ornements de robes de bal et aux coiffures (je consacrerai probablement un article spécifiquement aux coiffures), mais guère. Ces ornements floraux peuvent être montés en collier ou en « branches » à disposer sur la robe.
Les tenues de bal pour enfants
La Mode Illustrée est le journal des modes et de la famille, il est donc naturel que de temps en temps se glissent, ça et là, des gravures consacrées aux enfants (et encore plus rarement aux messieurs). Ainsi, dans les numéros d’hiver, les enfants ont, eux aussi, droit à quelques illustrations de tenues de bal qui, en termes de froufrous, n’ont rien à envier aux toilettes de leurs mères et de leurs sœurs en âge de se marier.
Malheureusement les numéros de 1880 n’évoquent pas les bals costumés pour les adultes, mais une planche est consacrée aux enfants dans le numéro du 18 janvier 1880. Je vous laisse admirer ces merveilles…
C’est tout pour cette courte iconographie des toilettes de bal. Comparativement aux autres types de vêtements, peu d’espace y est consacré dans le magazine, ce qui en soi est signifiant sur la réalité sociale des bals chez les bourgeois dans ce début de IIIe République.
J’espère en tout cas que cet article vous aura intéressé, voire vous sera utile. La prochaine fois que je vous parlerai toilette de bal en 1880, ce sera donc pour vous montrer mon projet pour la mienne… D’ici là, j’essaye de revenir ce week-end pour vous parler bouquin. À bientôt !
C’est passionnant !
Merci Christine 🙂