Bonjour à toutes et tous ! Me revoilà pour vous parler enfin de mon dernier projet couture, qui n’a pas été une mince affaire…
Un besoin urgent de pantalon
Cet hiver, je me suis aperçue que je n’avais en tout et pour tout que deux bas à porter quand il fait froid, soit ma salopette en velours côtelé rose et un jean de seconde main taille haute. Deux bas, ce n’est déjà pas beaucoup, mais c’est encore plus restreint quand on a, comme moi, de grosses difficultés à porter des tailles hautes. Mon jean du commerce n’est pas trop serré à la taille, j’ai un peu de place, mais pratiquement dès que je m’assois, je suis obligée d’ouvrir le bouton pour limiter la sensation d’inconfort.
Honnêtement, je ne comprends pas comment font les personnes qui ne jurent que par les tailles hautes, j’ai l’impression que j’ai loupé un épisode de la vie et ça me désole d’autant qu’esthétiquement je les aime beaucoup, mais il a fallu me faire une raison : exit les tailles hautes dans ma garde-robe.
Il y avait donc urgence. J’avais besoin d’un pantalon pour l’hiver et un pantalon qui ne soit pas taille haute, j’ai donc décidé de me rabattre sur le Morgan jeans de Closet Core patterns, que j’ai déjà cousu deux fois (en jean moyen et en gabardine noire pour la mi-saison) et que j’aime beaucoup parce qu’il est confortable et qu’il dispose d’une braguette boutonnée, soit les meilleures braguettes à coudre comme à porter.
La nécessité de faire des économies
Mon problème était que je suis dans une situation financière très précaire en ce moment et je n’ai vraiment pas de budget pour mes loisirs. Impossible de m’acheter du tissu, j’ai donc prélevé 3 pantalons dans la pile des jeans trop petits de mon mec pour couper mon jean dedans.
Initialement, je voulais que chaque jambe soit dans une couleur différente, mais je n’avais pas assez de matière pleine dans les jeans de récup, j’ai donc dû me résoudre au patchwork.
Il est sûr que la contrainte économique et la nécessité poussent à la persévérance et à la créativité.
Ce projet m’a pris des heures et des heures. En tout entre découper/découdre les jeans, couper mon patron, couper mes pièces et les assembler je pense que ça m’a pris une quinzaine d’heures ce qui a été long et pénible. Si j’avais eu les moyens de m’acheter du tissu je me serais sans aucun doute épargné beaucoup d’inconfort.
J’ai fait de mon mieux pour respecter le droit fil au moment de la découpe, mais j’ai dû me planter parce que les jambes vrillent sacrément. Heureusement, ce n’est pas gênant au porté et ça m’est égal d’un point de vue esthétique.
Pour « gagner du temps », j’ai récupéré les poches et les passants directement sur l’un des jeans. Je ne sais pas si ce que j’ai gagné en ne faisant pas les surpiqûres décoratives a vraiment été rattrapé sur le temps infini de décousage mais bon…
J’ai utilisé un coupon de mon stock de chutes pour la doublure (un coton vichy rose Barbie que l’on aperçoit sur le devant de la ceinture) et j’avais déjà le patron et toute la mercerie nécessaire donc ce projet m’a coûté 0 €.
Normalement le patron prévoit des finitions très propres (coutures anglaises et coutures rabattues), mais j’y avais passé bien assez de temps, donc j’ai passé toutes mes marges à la surjeteuse. J’ai bien cru que mon couteau allait y rester, mais il s’en est sorti et j’ai pu terminer la couture sans catastrophe.
J’ai eu la flemme de poser des rivets alors que j’en ai en stock, un jour peut-être… J’ai aussi récupéré le jacron Rica Lewis (je découvre le nom de cette petite plaquette en simili-cuir) pour donner à mon jean un look moins « fait maison ».
Concernant le patron, j’ai cousu une taille 10 avec une réduction de hauteur de la fourche devant et dos de 4 cm. Je pense que j’aurais pu placer le bouton 1 cm 1/2 plus loin parce que le jean me descends beaucoup sur les hanches. Je suis donc obligée de le porter avec une ceinture, mais je préfère quand même ça à un pantalon trop serré.
Je suis assez contente de moi même si ce projet a été très long : satisfaisant du point de vue des valeurs politiques et écologiques, frustrant du point de vue du confort et du temps passé. Je trouve que c’est le genre de projet qui illustre bien les paradoxes de l’engagement politique individuel et ses limites. Je n’ai pas pris de plaisir à coudre ce jean en patchwork, j’en aurais pris davantage si j’avais pu vraiment choisir mes tissus et couper mes pièces sans me prendre la tête sur comment les faire rentrer dans mes morceaux. J’ai par ailleurs pu mener à bien ce projet parce que 1/ c’était un réel besoin et que je n’avais pas tellement le choix, 2/ j’étais en capacité de lui consacrer du temps, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. La couture de ce jean s’est étalée sur 3 semaines en m’y mettant presque exclusivement le week-end parce que je n’ai en général ni le temps ni l’énergie de coudre le soir en semaine. Bref, un projet loin d’être idéal.
En outre, dans un souci de réemploi et parce que je suis assez engagée sur les déchets que je produis, j’ai encore passé beaucoup de temps à recycler toutes les chutes des jeans qui m’avaient servi de base. J’ai récupéré des morceaux pour faire des patchs de récupération plus tard, réduit en charpie ce que je pouvais pour en faire de la bourre (avec l’aide de mon amoureux parce que ça fait sacrément mal aux mains), j’ai récupéré l’unique fermeture éclair et toutes les poches et je n’ai jeté que les parties non récupérables des boutons et rivets. Un projet qui demande une bonne dose d’abnégation.
Quoi qu’il en soit, ce Morgan jeans a été énormément porté depuis que je l’ai terminé donc j’en suis très contente. Il faut reconnaître qu’il n’a pas beaucoup de concurrence dans mon dressing.
Voilà pour ce long projet de mon mois de janvier. J’ai maintenant envie de projets couture plus faciles, mais je ne m’y suis pas encore mise parce que le temps est rare et les obligations nombreuses. Je m’arrête ici pour aujourd’hui et je vous donne rendez-vous mercredi prochain pour vous parler de mon nouveau projet tricot. D’ici là, bonne semaine !
Associer esthétique , récupération , et économie par nécessité .Belle réussite qui me rappelle mon enfance et les réalisations inventives et jolies des couturières qui avaient connues la guerre de 1940 /44 et le manque de tissu . Bravo !
Merci Eduenne ! 🙂
Magnifique jean ! Quelle patience, bravo, il est très réussi.
Merci Carole ! 🙂