La mode parisienne s’exporte en 1881

Exportation de la mode parisienne en 1881 - anar(t)chie, journal de bord

Bonjour à toutes et tous ! Avant de revenir vous parler de mes différents projets en cours, je vous propose le repost d’un article publié sur mon ancien blog (probablement autour de 2015) avant le crash des serveurs OVH. Il y est question de ce qui inspire la mode londonienne dans la mode parisienne en 1881. J’ai malheureusement perdu la trace de ces magazines dans les fichiers de mon ordinateur, je vous présente donc mes excuses pour les sources lacunaires de cet article.


Ce mois-ci, je me suis plongée dans la lecture d’une série de magazine datant de l’année 1881, The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, pdf gentiment donné par Carmène, une copine costumée. Il s’agit, selon les mots de la rédactrice en chef, « du seul magazine de mode au monde qui contienne des costumes spécialement dessinés et sélectionnés pour convenir au goût calme et raffiné des dames anglaises » (les magazines sont en anglais, le reste des citations ne sera pas traduit). Ce qui m’a intéressée, en premier lieu, c’est la « Lettre de Paris », c’est-à-dire la lettre de la Comtesse de B. chargée d’éclairer les dames anglaises sur la mode parisienne. Je me propose de vous faire un petit compte rendu, mois par mois, des particularités de la mode parisienne en 1881.

Décembre 1880

C’est le renouveau de la mode du réticule à Paris. Et ce petit sac n’est plus, semble-t-il utilisé depuis un certain temps puisque l’auteure se sent obligée d’expliquer ce qu’est un réticule.

« Among the many novelties that have appeared this month I must call your attention to the revival of the reticule (an outside pocket or bag, an old companion of our ancestors), this pocket is made to match the dress in color and very elegantly trimmed with embroidery, lace, ribbon, and even flowers. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, décembre 1881

Par ailleurs, les dames, en hiver, agrémentent leur bonnet d’un long voile de dentelle noire pour se protéger du froid.

« during this bitter winter, every lady wears a long black lace shawl veil on her bonnet and by this means keeps her ears and neck warm.

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, décembre 1881

Mars 1881

La France est prospère et sa prospérité profite à tous. À Paris les femmes sont mieux habillées et même sur les boulevards. La Comtesse de B. prédit que la dentelle sera très à la mode à l’été 1881 (et il semble de manière générale, que la dentelle soit très à la mode pendant toute l’année).

« The new trimming which is being much worn for elaborate costumes »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, mars 1881

En outre les balayeuses sont encore plus imposantes que d’habitude, trois au lieu d’une seule balayeuse. Les couleurs préférées pour les balayeuses sont le doré, le rouge et le bleu clair.

« balayeuses of all colors are still very much worn, but in much greater quantities »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, mars 1881

Les toilettes noires sont agrémentées de décorations en métal.

« steel passementerie, steel lace and steel thread »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, mars 1881

Mai 1881

La France est toujours prospère, la mode est donc extravagante, même si le noir est toujours la couleur à la mode. les couleurs préférées sont le rouge profond qui s’éclaircit jusqu’au rose pâle et le brun qui s’estompe vers le vieil or. Il y a davantage de ceintures à la taille.

Un détail intéressant par rapport à l’innovation, c’est que la dentelle mécanique (je suppose mais je m’interroge sur le sens de « imitation lace ») est de plus en plus réussie et rivalise avec la « vraie » dentelle.

« Real lace is not an absolute necessity, for the imitation has made such progress that often only a connoisseur can detect real from imitation lace »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, mai 1881

Il est très cher d’avoir des bottines assorties à chaque toilette, c’est pourquoi la mode est aux guêtres faites dans le même tissu que la robe.

Je m’interroge sur le terme « kilted underskirt » qui revient souvent et qui semble être à la mode. Je me demande si c’est une orthographe différente pour « quilted underskirt » ou quelque chose de différent ?

gravure mode parisienne 1881
J’ai perdu la source de cette image. Il est possible qu’elle soit issue de The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts de 1881, mais je n’en ai pas la certitude.

Juin 1881

De l’ordre de l’innovation, apparaît un nouveau système de crochets que je n’arrive pas du tout à visualiser.

« The fronts of dresses are now very generally trimmed with plissés or bouillonés ; to keep this in place a crossing of cord has become very fashionable. Instead of making loops or eylets holes to pass the cord trough, the manufacturers have brought out a most ingenious kind of button and ring. The button is used as a kind of hook to hook the cord with : the ring you pass the cord through. »

Un petit mot sur les traînes (petit clin d’œil à Audrey) :

« Trains are always worn at grand dinners and on all ceremonious occasions by married ladies and chapérones, but for young ladies the short costume is universally worn at promenades, concert and small receptions. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, juin 1881

C’est en juillet que la bonne société se rend dans les villes d’eau, les robes de plages sont relevées « en panier at the sides, and well draped behind ».

Septembre 1881

La mode des jupes est toujours au court.

« skirts are worn fuller at back, and short, except for the most dressy occasions. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, septembre 1881

Dans le numéro de septembre, on fait le point sur les tenues de bord de mer, qui sont très colorées aux couleurs variées, mais on note une prédominance pour le rouge et le bleu marin, et la robe blanche « the pure lily white dresses ». Il faut noter, en outre, que les fronces font paraître les dames plus jeunes (pourquoi ? ça je ne sais pas ^^). C’est particulièrement la mode du rouge, après viennent le bleu marin, le gris, le jaune ou l’ivoire, le bleu, le rose et le banc.

« All these dresses are trimmed with mace and ribbon, and a large silk or satin sash of bright colors is worn with them. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, septembre 1881

Les manches arrivent généralement au coude portées avec des gants ou des mitaines longues. Les mitaines doivent être de la couleur de la robe ou noires ou blanches, les gants doivent être contrastants.

Lorsque l’on est en villégiature, il convient de s’habiller comme les « locaux », c’est-à-dire de porter le chapeau spécifique à la ville où l’on réside pour ses bains de mer et il faut aussi porter des bijoux faits, soit-disant, sur place.

On nous donne aussi des précisions sur le bouillonné au dos de la jupe.

« I told you before that dresses were worn very full at back, and very much draped and puffed, to produce this effect, a tournure or crinolette must be worn : the puffing and rise must start from eight inches below the waist. The best tournure is a well starched petticoat, or a wirey half skirt, but this is not enough : the principal thing is to tighten the dress well back with an elastic (see Paris letter of Septembre last) »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, septembre 1881

Ce magazine semble par ailleurs être d’accord avec Madame Emeline Raymond [rédactrice en chef de La Mode Illustrée très soucieuse que ses lectrices soient économes] :

« To be well dressed does not mean to dress expensively, but to be dressed becomingly, and with taste and intelligence. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, septembre 1881

La Comtesse de B. regrette que beaucoup de robes cousues à la maison ne soient pas bien réalisées et elle donne les bonnes proportions d’une jupe (ce qui sera très utile quand il faudra passer à la pratique) : si la jupe mesure 100 cm devant, les côtés doivent mesurer 103 cm et le dos 106 cm pour les jupes courtes.

gravure de mode parisienne en 1881
Pour la source, idem que pour la précédente image

Octobre 1881

Les visites (ou dolmans) sont très à la mode cette saison et elles doivent être richement décorées (passementerie, dentelle, chenille, broderie de soie).

Le noir est aussi populaire en été qu’en hiver.

« All dark tints trimmed with embroidery of the same color are much worn. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, octobre 1881

La Comtesse de B. parle beaucoup de « panier style » qui consiste probablement en draperies sur les hanches.

C’est la mode des capuches à porter sur le bonnet dans la voiture ou pendant la promenade. Par ailleurs les jupons sont très courts à l’hiver 1881.

« much above the ankle, as dresses are worn short – in fact very short – for walking. » « A petticoat must always be 2 inches shorter than the dress. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, octobre 1881

Novembre 1881

Pour le théâtre, les robes un peu abîmées ou qui ne pourront pas être portées la saison prochaine peuvent très bien faire l’affaire, la seule modification à faire est d’ouvrir le décolleté en carré ou en V et de raccourcir les manches.

Décembre 1881

Les hauts sont de plus en plus coupés avec un double boutonnage ce qui permet d’avoir plus chaud (« double breasted casaque ») et les jupes sont plus courtes qu’en été pour éviter de trop les crotter.

Il n’y a plus de mode parisienne, les nouvelles idées viennent de Londres.

« All that is English is becoming fashionable : really we have a regular Anglo-mania. » MAIS « there is more taste and elegance about the tout ensemble of the French toilette. »

The London and Paris Ladie’s Magazine of Fashion, litterature and fine arts, décembre 1881

J’arrête ici cette petite revue des choses que j’ai notées pour l’année 1881.


Voilà pour ce petit repost. Je reviens la semaine prochaine, sans doute pour vous parler écriture. Bonne semaine.

Lucie

Romancière et illustratrice, passionnée d'arts du fil et d'histoire du costume, je vous propose une promenade dans mon univers, fait d'écriture, de dessin, de costumes historiques, de garde-robe cousue main, de broderie, de tricot et de réflexions politiques.

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